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25 mai 2008

Maltraitances scolaire des enfants intellectuellement précoces, par Bernard LEUNE (JAL Fundation )


Nous faisons le constat que 60% des enfants intellectuellement précoces sont en situation d’échec scolaire. Originaires de tous les milieux socioculturels, les études montrent que 47% souffrent de maltraitance psychologique scolaire, 24% de maltraitance physique scolaire, 25% déclenchent une pathologie suite à leur entrée à l’école et près de 60% font de l’inhibition intellectuelle.

Ce constat est grave ! Il s’agit du plus grand massacre silencieux d’enfants en grande souffrance contre lequel JAL Fundation fait entendre sa voix en constituant un fond d’actions pour les enfants surdoués et en mettant au centre du débat les maltraitances psychologiques scolaires.

Les observations soulignent que l’école fonctionne trop souvent encore comme si les élèves répondaient à un profil unique. Les élèves intellectuellement précoces ne trouvent pas toujours dans la classe concordant à leur âge les activités qui correspondent à ce qu’ils peuvent faire, ce qui peut les amener à se résigner et à perdre tout intérêt pour les activités scolaires. Leur ennui peut se traduire par de l’instabilité, de la passivité, etc. et leur comportement peut s’apparenter à celui d’élèves en difficulté ; en fait, certains élèves sont prêts plus tôt que d’autres à aborder divers apprentissages : très vite, ils trouvent des réponses à des situations pourtant complexes et réussissent souvent à en inventer de nouvelles en réponse à un besoin permanent d’apprendre.

Ces élèves doivent trouver à l’école des réponses appropriées à leur situation de « différence » au plan scolaire et personnel.

Nous déplorons trop souvent que les enfants intellectuellement précoces, du fait de leur différence, soient rejetés par d’autres élèves et par des professeurs. Cette situation est d’autant plus préoccupante lorsqu’un adulte assiste sans intervenir et quelquefois participe à la « lapidation psychologique » de ces enfants.

Vous comprendrez que c’est inacceptable !

Les mauvais traitements psychiques désignent des comportements et des actes répétés qui terrorisent l'enfant. L’incompréhension, les réflexions ironiques, désobligeantes, les agressions verbales, les moqueries, le chantage, les menaces voilées, la ségrégation, les dévalorisations systématiques qui lui donnent l’impression d’être rejeté, d’être sans valeur, les humiliations concernant son niveau scolaire, les discours et comportements qui conduisent l’enfant à abandonner tout espoir de s’en sortir, des sanctions sans rapport avec leur motif ; des allusions à l’apparence de l’enfant, son physique, ses capacités intellectuelles, bref tout ce qui remet en cause son intégrité font partie des violences psychologiques.

Un professeur qui dit à un élève qu’il est nul devant la classe est impardonnable.

Cette interjection est intolérable !

Il doit s’entretenir en particulier avec lui. Un élève qui développe des modèles mathématiques pour l’aéronautique à qui on refuse le passage en première scientifique aux motifs « ne suit pas la méthode enseignée, a des difficultés de compréhension « au test de compréhension il obtient 19/19 » et devant les protestations de l’enfant et de la famille le professeur d’ajouter « il développera des modèles mathématiques lorsqu’il sera docteur en mathématiques ». Cet enfant dérange.

Qui est le Professeur enfin ?

En d’autres circonstances mettre 0 à un devoir lorsque l’intéressé donne le résultat directement sans détailler…situation courante chez les enfants intellectuellement précoces ou encore, bien que le résultat soit exact mettre 0 à un exercice car il manque un mot dans la phrase; ce qui correspond dans ce dernier exemple au problème de dysynchronie entre la vitesse de traitement du cerveau et la capacité d’écrire rapidement…

La pertinence de leurs réponses et la maturité avec laquelle ils peuvent débattre d’un sujet déstabilise. Il faut les faire taire. Donc on ne les interroge plus, on ne les fait plus participer !

Les maltraitances psychologiques causent de graves troubles de la croissance et du développement. Effets de l’inhibition ces enfants régressent, s’éteignent, arrêtent de penser pour éviter de souffrir, chahutent. Ils meurent, se suicident intellectuellement sans que personne n’intervienne. Leurs gesticulations sont autant d’appels au secours que beaucoup tentent d’étouffer car ils dérangent. Nous sommes en plein intellocide!

Désormais, il convient d’établir une typologie précise des maltraitances psychologiques. Pour chacune d’entre-elles il faut déterminer une réponse juridique et si elle n’existe pas, légiférer. Il faut prévenir en informant. Lors de maltraitance, il convient d’intervenir sans délais pour que celle-ci cesse immédiatement. Il convient d’établir une liste des irresponsables qui, en cas de récidive, seraient remerciés. Ces dispositions doivent être inscrites dans la loi. L’implication de tous les acteurs est nécessaire pour prévenir les difficultés scolaires auxquelles ces enfants sont exposés. D’autre part, si l’école publique n’est pas en mesure de garantir un enseignement adapté et dans des endroits où les enfants sont bien traités, il convient de favoriser le transfert des enfants vers des établissements publics ou privés appropriés, qu’ils soient sous contrat ou hors contrat. Les charges financières d’enseignement et de transport doivent incomber en totalité à l’Etat, aux Collectivités Régionales et Locales.

En ce qui concerne les études supérieures, l’accès aux Prépas, aux Etablissements d’Enseignement Supérieur doit être aménagé pour permettre à des enfants de 14/15 ans s’ils le souhaitent de poursuivre leurs études dans des conditions optimales d’accueil. Il n’est pas normal d’entendre dire pour les plus jeunes, « il faut que votre enfant prenne une année sabbatique, envoyez-le à l’étranger, faites-lui faire autre chose ». Il n’est pas davantage normal qu’un jeune avec des potentialités hors du commun soit recalé car il a redoublé du fait de la non adaptation de la scolarité et de la maltraitance associée.

Respect de soi-même, respect d’autrui, respect des différences, entraide… voilà quelques valeurs qu’il est bon de rappeler. Ils permettent à des gens d’origine diverse de communiquer et de vivre en harmonie. De même l’accueil et l’accompagnement des familles est indispensable pour ouvrir un dialogue approfondi et sincère. Dialogue qui ne doit plus être celui du Professeur qui sait tout, qui connaît tout et qui n’a devant lui que des parents irresponsables qui ne cherchent qu’à faire valoir leurs rejetons.

En ouvrant le débat sur la maltraitance psychologique des enfants intellectuellement précoces, maltraitance qui touche l’ensemble des écoliers, collégiens et lycéens, nous savons qu’il sauvera par là-même des milliers d’enfants.

Merci.
Bernard Leune.
Le blog de JalFundation


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