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10 décembre 2007

Premiers apprentissages

Pendant cette période en "no-man's land" entre la France et l'Espagne, Max a commencé à s'intéresser aux apprentissages. Un amie lui avait offert un jeu de lettres, car il aimait les livres.." Pour apprendre à lire" avait-elle précisé. J'avais donc mélangé les lettres à ses jeux habituels.

Jusqu'aux jour où, ayant pris une lettre, il vint me voir.
-"Maman , on joue à ce jeu !" Et voilà ...

J'ai donc pris les lettres et ai écris devant lui son prénom : Max . Cela est l'écriture de ton nom.
Pendant quelques temps , nous avons épeler les prénoms de la famille avec l'alphabet de plastique.

Déplaçant , au gré des nécessités , les lettres d'un endroit à l'autre pour écrire les prénoms les plus compliqués. Mais difficile d'expliquer les prénoms avec :deux " E " ou deux "p" par exemple.

Nous avons donc investi dans une belle ardoise toute noire et quadrillée d'un côté et une boite de craies, douces au toucher.

Tous les matins , sitôt le petit déjeuner avalé, nous commencions la liste des prénoms des cousins , des cousines, des tantes, des grands-parents, des oncles ..etc....est-ce le côté affectif de l'apprentissage ?

Max suivait le B.A.BA avec plaisir. c'est à ce moment-là qu'il a appris à lire.

Quand je lui donnais ses lettres , il était capable de m'écrire son prénom , en l'épelant.
-"M.A. = MA et X , c'est MAX .."

Les chiffres l'intriguaient aussi.
Avec les doigts , nous comptions :
-" 1 doigt , 2 doigts, 3 doigts...."
et puis , je reprenais :" 1,2,3,4,........"
Puis " 1 pouce +1 index = 2 doigts" , ce qui fut très vite compris , intégré.

Pendant ce temps , nous l'avions inscrit en maternelle , en Catalogne espagnole.. On ne lui demandait que de dessiner, de colorier......Max, mourrait d'ennui, je m'en rendais bien compte....Il voulait autre chose.

Un jour d'agacement , il refusa de faire ce que disait la maîtresse, barrant d'un trait son dessin d'oiseau, et le repassant , un certain nombre de fois , laissant de côté le reste de l'oiseau blanc...

Affolée et désespérée par ce geste de rébellion, la maîtresse nous convoque (Max , était alors en école privée pour ne pas être confronté qu'à du catalan et ainsi éviter le stress !).
-"Votre fils ne fera jamais rien de bon !"

Et voilà la petit phrase assassine lâchée.........
Nous avons enfanté un abruti, un perdu d'avance , un pauvre être foutu.. pauvres parents que nous sommes !!!!!

Et puis, d'abord, savons-nous l'éduquer , ce gamin.. ? Une bonne fessée , oui !!

Pour la contrer, nous lui mettons sous le nez , les productions de notre enfant, espérant ainsi capter son attention, ce qu'il avait écrit sur une feuille de papier , à savoir : son nom , son prénom ..écrit de lui-même, sans notre aide , bien entendue.
Peine perdue...

-"Oui, oui, on sait bien que les parents voudraient que leur enfant soit un génie !!"

Nous voilà , nous aussi, des perdus , des naïfs ...des doux rêveurs , des ...perturbateurs aussi, des révolutionnaires.. Et des tricheurs . Valent pas mieux que leur fils.

Tout le monde sait que "les chats ne font pas des chiens !!"

Premier contact avec la REALITE scolaire.

Parents n'ayez jamais d'enfants différents, vous serez suspectés de vouloir fomenter la révolution dans les écoles de France , de Navarre mais aussi, de Catalogne (d'un côté comme de l'autre de la frontière).

Car une fois notre installés sur Perpignan , le gamin inscrit à l'école , nous avons compris le long chemin qu'il nous faudrait parcourir pour arriver à scolariser notre petit bonhomme dans les meilleurs conditions possible.

Tout le monde sait cela: A 3 ans et demi , un enfant ne sait pas lire , ni écrire , ni compter, en
tout cas pas : 1+1= 2 . et tenez vous le bien pour dit, une bonne fois pour toutes.

La morale fut faite à Max aussi. Plus de spontanéité affichée..
Max fut sciemment laissé de côté .Les maîtresses successives de maternelles ont respecté la consigne on ne peut mieux.

Heureusement , petit Max avait son moyen de riposte imparable..

Des fièvres incongrues qui duraient jusqu'à 15 jours sans véritables explications organiques.
Mais sachant combien , il était difficile pour mon fiston , de s'intégrer dans une classe aussi peu motivante, je le laissais bien tranquillement vivre sa vie à la maison. C'était bien plus passionnant de lire nos livres, de faire nos comptes, contes et comptines...

Puisque, hors la loi nous étions , autant l'être pour de bon et pour la bonne cause.
Max n'a jamais fréquenté l'école que selon son besoin. Ce que nous avons pu éviter, nous lui avons évité.

Maintenant , il y a des classes qui ont été assiduement suivies et d'autres de façons plus épisodiques.

L'objectif étant que notre Max soit suffisament armé pour réussir sa vie .
Il est bien entendu pour nous que la sévérité des enseignants n'est pas forcément le bon chemin pour saine construction de la personnalité.

Lorsque l'on parle de respect , mieux vaut commencer par montrer l'exemple. soi-même.
A l'époque , Max était de souvent battu par ses camarades de classe et personne n'est jamais intervenu pour l'aider. Où était la surveillance ?

Il a fallu que je me déplace et que je règle le problème moi-même auprès de enfants concernés..en me faisant conspuée par l'équipe enseignante et les animateurs . On n'aime pas se voir remettre à sa place , mais je sais pour les avoir fréquentées , que les cours d'école EST un des lieux d'apprentissage de la violence , trop souvent dans l'indifférence générale.

Je le sais pour avoir été animatrice périscolaire.

Cependant , je ne me suis jamais inquiété pour mon fils.
Sa dernière année de maternelle, alors qu'un petit camarade est arrivé un matin en classe , le crâne rasé parce que la maman n'avait pas eu assez d'argent pour acheter du produit anti-poux, Max a compris qu'il fallait être solidaire.
En rentrant le midi , il me demande de lui couper les cheveux très courts pour ne pas laisser son copain avoir la honte tout seul.

Fier de mon petit garçon , je fais ce qu'il me demande et le voilà reparti en classe pour l'après-midi. Il s'assied à côté de son compagnon et se tient tout droit, regarde tout le monde de haut , d'un air de dire :"maintenant , nous sommes deux ". C'était une bonne leçon donnée aux adultes auxquels je me suis empressée d'expliquer la motivation profonde de Max.

Comment , il a su braver le regard de l'autre pour porter secours , à sa façon , à un petit camarade en difficulté.

Cela valait tout autant que le soi-disant apprentissage de la sociabilité par la fréquentation de l'école et qui parfois tourne au dressage pur et simple.