Germaine Tillion est décédée samedi à son domicile, à Saint-Mandé (Val-de-Marne). Née le 30 mai 1907 à Allègre (Haute-Loire), Germaine Tillion est une Auvergnate. Elle part pour les Aurès, en Algérie, en 1934 et y restera six ans. Le temps d'étudier la population Chaouïa. En 1940, revenue à Paris, elle s'engage dans la
Résistance au Musée de l'Homme. C'est le premier réseau de résistance en zone occupée. Dénoncée par un agent double, elle est emprisonnée à Fresnes et condamnée à mort puis, en 1943, déportée à
Ravensbück. Sa mère y mourra. Elle y fréquente Geneviève
de Gaulle-Anthonioz, qui deviendra présidente de
ATD Quart Monde.
De retour en France, Germaine réintègre le Musée de l'Homme puis repart pour l'Algérie. Elle y trouve une société déstructurée par la
guerre et la colonisation, dénonce la « clochardisation » qui s'ensuit et s'engage dans le Mouvement des centres sociaux, que l'OAS prend bientôt pour cible. En 1957, en pleine bataille d'Alger, elle parvient à obtenir pour un temps l'arrêt des attentats. Elle rentre en France en 1962.
Germaine Tillion n'aura cessé de dénoncer ou de témoigner, publiant des articles ou des livres (
L'
Algérie en 1957, L'
Afrique bascule vers l'
avenir, La Traversée du mal, etc.). Avec
Ravensbrück, en 1946, elle est l'une des premières à témoigner sur les camps nazis et son ouvrage est plutôt mal accueilli parce qu'à l'époque le mieux, dit-on, est d'oublier. Son étude sur la civilisation méditerranéenne
Le Harem et les cousins, en 1966, agace également. Germaine Tillion dérange. Il lui arrive d'en rire. N'a-t-elle pas composé une opérette, « Le Verfügbar aux Enfers », à
Ravensbrück ! L'oeuvre a été donnée à Paris, l'an dernier. Jean Lacouture lui consacrera une biographie,
Le Témoignage est un combat. Un beau titre, qui résume la personnalité de cette femme étonnante.
Gérard PERNON.