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23 septembre 2011

Un an après, quelques mots..


Alluvions vit toujours mais au ralenti.
L'année dernière est passée comme une flèche, sans heurt, sans histoire pour Fiston, excepté le plaisir d'aller en cours, d'apprendre, de fréquenter des "collègues" adultes.
Cette formation au CNAM lui convenant tout à fait.

Etre avec des adultes ou presque, des personnes en formation professionnelle, motivées par l'envie de faire autre chose. Des personnes qui ont goûté une vie loin des bancs de lycées.
Fiston n'arrivait pas à s'accommoder des jeunes ayant l'unique destin de lycéens, futurs étudiants, uniquement sollicités par la compétitivité scolaire ou par l'apparence, comme il en a beaucoup croisé.
Il a adoré être en compagnie de jeunes travailleurs, pour la plus part ou étudiants ayant comme lui un parcours compliqué.

Son esprit matûre a besoin de contacts qui le stimulent, qui lui montre d'autres chemins. Fiston n'a jamais été fait pour vivre une vie linéaire. Sa réflexion, sa capacité de compréhension et les défis qu'il se lance n'ont d'autres objectif que de se mettre lui-même en scène et de se dépasser sans cesse.
De dépasser son handicap, toujours présent mais qu'il combat en y mettant toute son énergie.

Tout au long de l'année, il a refusé les aides et les batailles associées à l'obtention de secrétaires, de clefs d'ascenseurs et autres solutions proposées par la loi de 2005.
Loi qui n'est pas toujours appliquée.

Il a voulu cette année préparatoire au DAEU sans référence au handicap. Il a quotidiennement grimpé les deux étages qui menaient à la salle de cours, fait du trajet à pieds, et écris comme les autres.
Il s'est prouvé à lui-même qu'il était "normal"..Malgré la fatigue, les difficultés surgissant parfois mais il s'est accroché. Cette année test l'a aidé à prendre confiance en lui  peu à peu.

Même s'il reste encore un peu de chemin à parcourir, le plaisir est au rendez-vous tous les jours ou presque.

Bien sûr pour cette année décisive, année d'examen pour pouvoir accéder à l'université, j'ai fait la demande d'aide techniques mais cette fois, Fiston assume son handicap.

Jusqu'à présent, il refusait toute allusion à ce qui lui rappelait tant de mauvais jours mais cette fois, le contact avec des personnes qui l'acceptent tel qu'il est, sans jugement.
Des personnes qui l'apprécient pour ce qu'il apporte et dans des rapports apaisés, lui permettent de mieux s'accepter lui-même.

Sans compter la bande de copains de notre petite résidence au sein de laquelle il a trouvé sa place, Fiston est enfin en paix relative avec lui-même.

Je suis convaincue que la décision de le retirer de l'école où il n'avait rien à y faire et sa décision à lui de se faire opérer ont été le point d'ancrage de ce nouveau plaisir de vivre.

Même si subsistent encore quelques incertitudes quand à l'avenir mais chaque chose en son temps. Du moins, il prend son temps pour se sentir heureux.
Et lorsque je pense à cet état de dépression qui ne l'a pratiquement pas quitté de toute sa scolarité obligatoire, je me demandais si un jour, nous réussirions à l'aider et à trouver les solutions qui lui conviennent.

J'avoue aujourd'hui que je me demandais, parfois, si j'avais raison d'agir comme je l'ai fais à certains moments. Comme tous les parents, je ne souhaite que le bien de mon fils et surtout, pouvoir lui donner les bonnes clefs pour être bien dans sa vie, dans sa peau.

Rien n'est simple du fait que les personnes surdouées ont cette capacité d'analyse des situations et des gens exacerbée par leur vision globale de ce qui les entoure.

L'excellent livre de Simone Siaud-Facchin  "Trop intelligent pour être heureux? L'adulte surdoué" m'a aidée à ne pas trop me culpabiliser sur la direction que nous avons prise. Non pas parce que l'auteur préconise le retrait de l'école, pas du tout, mais plutôt parce qu'elle évoque l'originalité de la personnalité des surdoués.

Je n'ai fait qu'adapter les réponses à la personnalité de mon fils et en utilisant mes propres observations et expériences pour avoir une vue d'ensemble. Pas une vue sur l'avenir mais une vue sur les difficultés du moment.

J'aurais pu me tromper mais la chance a été au rendez-vous.
De toute façon, l'éducation d'un enfant est une aventure unique parce que chacun de nous est unique.

Il n'y a que des grandes lignes mais c'est à chaque famille de s'adapter à la personnalité de son enfant.

Avec son père, nous discutions du bien-fondé de telle ou telle attitude vis-à-vis de l'enseignement classique, vis-à-vis de l'avenir de notre gamin mais la prise de risque existe dès la mise au monde de nos "jolies têtes blondes".
Le risque existe dès les premiers désirs d'enfants, en fait.. Ensuite, tout n'est qu'adaptation.

Nous avons commencé notre éducation dès que nous avons senti notre enfant bouger.

C'est tout un chemin d'amour que nous avons façonné ensemble et que nous ne regrettons pas.

Fiston sera ce qu'il sera et l'essentiel pour nous est qu'il soit heureux et bien dans sa peau.

Quoi qu'il vive, cela sera son chemin de vie à lui. Nous nous avons vécu le notre. Je n'ai  pas d'attente particulière le concernant exceptée celle de le savoir bien dans sa peau ou en tout cas, capable de trouver des solutions, même quand bien même elles seraient hors de la norme.
Mais ne sommes-nous pas tous hors-normes puisque tous uniques..

Même les vrais jumeaux

J'ai un peu laissé Alluvions pour pouvoir penser à autre chose et m'occuper de moi et de ma propre santé mais j'ai bien l'intention de revenir à l'occasion donner des "nouvelles" sur le devenir de notre famille car une aventure aussi passionnante que la notre n'a pas de fin...
Sauf par la disparition physique de ma petite personne.. Ce qui n'est pas encore au programme.
J'ai en effet décidé d'être une "casse-pieds" pour quelques années encore..


Mon passe-temps favori, c'est laisser passer le temps, avoir du temps, prendre son temps, perdre son temps, vivre à contretemps.
[Françoise Sagan]