J'avais une vingtaine d'années.
C'était mon époque de voyageuse.
Après avoir passé quelques mois en Israël, à Jérusalem plus exactement, j'ai voulu rejoindre des amis rencontrés sur les bords de la Mer Rouge.
J'avais "planté" mon sac de couchage sur le sable près d'un groupe de jeunes à la mine sympathique.
Je suivais mon intuition pour savoir où me m'installer car j''étais seule
De fil en aiguille, j'ai fais la connaissance de mes nouveaux compagnons et nous avons échangé nos adresses, mon départ étant imminnant.
Arrive le mois d'août, et un projet de voyage de mes parents vers la Russie via Copenhague.
Je m'inscris donc sur le registre des passagers: auto-stoppeuse improvisée.
Et sans crier gare, comme souvent à mon habitude, je sonne à la porte de l'adresse indiquée.
Heureuses retrouvailles avec mon compagnon de plage...
Je fais connaissance de tous les membres de la petite communauté en co-location.
Une joyeuse bande. Je tombe sous le charme des jeunes.
Heureux de vivre et tranquilles.
Une vie écologique.
Tant dans la façon que dans la pensée.
Je cherche du travail et en trouve dans différents domaines.
Hôtellerie, journaux à distribuer tôt le matin (une aventure!).
Il fallait que tous mes journaux soient distribués avant 7 ou 8 heures du matin.
Et les boites aux lettres se trouvaient à chaque porte d'entrées, j'avais fort à faire à grimper au pas de course pour avoir fini mon interminable parcours dans les temps.
L'entreprise m'avait prêté un vélo, vieux et trop haut pour mon à peine mètre quarante-huit.
Après quelques semaines de ce régime, l'apparition de la neige casse-figure et la rencontre inopinée avec un noctambule à la recherche d'une aventure et pas très clair ont fait que je me suis recyclée ailleurs.
De petits boulots en petits boulots, j'avais fait mon nid.
Je m'étais bien intégrée dans la petite communauté homosexuelle..
Nous sortions en boite régulièrement..
Nous avons sillonné de long en large les rues de ce fameux quartier Christiania
Aujourd'hui en danger de disparition.
A lire sur le monde comme suit.
"" Combien de temps sera-t-il encore là ? La question taraude les quelques centaines d'habitants du quartier alternatif de Christiania, avec sa fameuse Pusher Street, la rue des dealers. Men de "normalisation" par l'actuel gouvernement de centre-droit, ce quartier qui résiste avec acharnement est pourtant, après le parc d'attractions Tivoli, le site de Copenhague le plus visité par les touristes.""
Je vivais au jour le jour, avec tous les trois mois un retour en France histoire d'avoir un nouveau tampon sur mon passeport.
Jusqu'à cette fois où je suis revenue en voiture et sans obtenir mon tampon "laisser-vivre"..
Et pour finaliser le manque de chance, j'ai eu droit au contrôle policier.
N'ayant pas cette nuit-là, mon passeport sur moi, je me suis vue accompagnée par les policiers jusque l'appartement que je partageais avec un couple d'amis homos.
Ils avaient été touchés par le froid qu'ils faisait dans l'appartement que je leur sous-louait et m'avaient invitée à venir poser mon balluchon dans un coin de leur logement...
Et ce geste de la police un membre de la communauté avec harcèlement, convocation au poste et tous les tracas infligés aux sans-papiers et ultimatum de reconduite à la frontière, a provoqué leur colère.
Mon ami, fils de diplomate et homo a donc décidé de leur montrer que leur pays devait pouvoir accueillir quelqu'un de respectueux, qui travaillait.
Ils étaient aussi désireux que moi de me voir rester à Copenhague.
D'un côté, Yann avait besoin d'une couverture de vie "normalisée" envers sa famille et moi j'avais besoin d'un miracle pour continuer à vivre dans notre monde de bonheurs quotidiens.
Nous décidâmes donc de nous marier.
Aussitôt dit, aussitôt fait.
Les papiers très vite réunis, la déclaration de mariage faite en mairie, la date de notre "union" fût rapidement arrêtée.
Le jour venu, dans une salle de la Mairie de Copenhague dans laquelle se trouvaient réunis tous les couple prétendants au mariage. Monsieur le maire nous fit son discours de rigueurs sur la responsabilité du vivre ensemble.
Puis chaque couple à son tour devait affirmer sa volonté devant tous les autres. Pas d'intimité pour qui que ce soit.
Au suivant, comme l'aurait chanté Brel.
Notre "OUI" déclaré, en présence de mes amis les plus homos de la communauté et au moment du baiser fatidique, les uns ont sauté dans les bras des autres.
Ce fut la mêlée générale.. Les deux dames collet-monté qui assistaient le maire dans son homélie du mariage nous regardaient avec les yeux qui leur sortaient des orbites.
Nous affirmions notre rebellions par rapport aux lois en place.
Et l'homosexualité comme étant un fait personnel et non une délinquance de la personne.
Je ne faisais aucun mal et j'étais prête à repartir en France mais j'aimai ce pays.
J'avais appris des rudiments de la langue que je parlais plus ou moins bien mais que je pratiquait avec les membres de la famille de Yann.
C'était un vrai mariage d'amour quoi qu'il en soit et j'avais beaucoup de respect pour les danois que je trouvais en majorité accueillants.
Mon ami étant fils de diplomate, aucun désagrément n'a suivi ce mariage hors-norme.
Et je me sens solidaire de ces étrangers qui viennent d'installer "chez nous"..
Et ce, quelque soient leurs raisons, j'ai eu les miennes.
Et puis chez nous, où est-ce vraiment ?
Et nous quand nous allons piller les richesses des pays dont nous ne voulons pas les habitants, que faisons-nous ???
Il y a de la place pour tout le monde et en particulier pour ceux que nous affamons.