>> Mobilisations, luttes et solidarités
Comprendre le discours anti-chômeurs.
Pourquoi 61% de Français sont-ils pour le durcissement des sanctions à l'encontre des privés d'emploi ? Pourquoi le gouvernement peut-il surfer sur cette vague aussi inique que répressive avec l'assentiment de l'opinion ?
Pourquoi, alors que l'argument des «500.000 emplois non pourvus» ne tient pas la route face aux 269.815 offres proposées ce jour sur le site de l'ANPE (en opposition à ses 598.234 CV disponibles, ses 1,905 million de chômeurs officiels et ses 3,85 millions d'inscrits), l'escroquerie intellectuelle continue-t-elle de fonctionner ?
Pourquoi, alors qu'à l'heure actuelle plus de 7 millions de personnes sont concernées par le chômage, le sous-emploi et la pauvreté en France, persiste-t-on à nous faire croire qu'elles en sont responsables et qu'il faut les contrôler ou les punir davantage ?
Pourquoi la majorité des chômeurs se sent, elle-même, coupable et non victime ?
Pourquoi, sur une banderole célèbre, les chômeurs - déjà considérés comme des déviants fraudeurs ou paresseux - sont-ils relégués au même rang que des pédophiles sans que cela ne choque ? Pourquoi accuse-t-on la porte sur laquelle on vient de se cogner d'être responsable de la douleur qu'on éprouve, et lui assène-t-on parfois un coup de pied supplémentaire ?
A lire d'urgence l'analyse du sociologue Renaud Tarlet : une démonstration limpide sur la façon dont, par besoin de cohérence quand il est confronté à une dissonance sociale anxiogène, l'esprit humain laisse le fantasme et le conformisme prendre le pas sur la raison et l'humanisme en s'inventant des boucs émissaires...
Une dangereuse tendance à la facilité qui nous rappelle qu'on n'est, effectivement, pas loin d'une époque qu'on se promet - en théorie - de ne jamais oublier, mais qu'en pratique on répète sans cesse en cas de crise. Entretenue, pour le grand bénéfice de ceux qui nous dirigent.