Une Expérience
J'ai envie de vous faire part de cette expérience très particulière vécue en 2005.
A l'époque, je pressentais que nous devrions déménager encore une fois et donc pour nous mettre à l'abri de toutes ces recherches d'emplois fastidieuses, je voulais faire une formation pour un métier qui "s'exporte".
Je pensais à la formation d'auxiliaire de vie auprès d'enfants handicapés.
Concernée, je le suis car mon fils est atteint d'une maladie neuromusculaire. je voulais donc en faire un peu plus.
je prends donc rendez-vous dans un centre de formation avec la psychologue du travail. Je passe les tests.
Conclusion : Je suis trop intellectuelle pour ce type d'emploi. Et voilà une bataille un peu bizarre qui s'engage.
Je ne comprends pas pourquoi je serais trop intellectuelle pour ce travail et je le signifie. Pas d'explications supplémentaire de la psychologue du travail.
Je vais donc de-ci ,de-là voir telle ou telle animatrice dans des associations dites d'insertion. Et j'explique. On me dis que je ne dois pas m'occuper de ce qui est dit et de continuer ma route.
A tout hasard, je demande quand même s'il n'existerait pas des formations correspondant à mes" capacités intellectuelles", puisque c'est de cela qu'il s'agit.
Ma foi , le temps se passe et je suis convoquée à un ultime entretien avec un conseiller ANPE et "ma psychologue"... qui m'abreuve de questions pièges.
Mais voilà , sans comprendre pourquoi, je suis retenue..
Ravie d'avoir su convaincre, j'entame ma formation.
Je reconnais que la partie "théorique" consistant en l'apprentissage des différents produits de nettoyage , et autres rubriques ne m'ont pas passionnées du tout.
J'avoue que je commençais à m'ennuyer un peu mais c'était le passage obligé pour travailler auprès d'enfants handicapés.
Vient le stage pratique.
Alors-là ,je crois que j'ai un peu commencé à comprendre.
Je voulais faire mon stage auprès d'enfants handicapés puisque c'était mon projet.
Et je me suis retrouvée d'office dans une maison de retraite.
De toute façon, c'était le but de cette formation. je me suis entendue dire que la majorité des personnes" placées " seraient amenées à travailler auprès des personnes âgées. j'ai protesté que ce n'était pas mon objectif principal et le pourquoi.
Bref, je prends mon poste dans une maison de retraite 4****.
Les deux premiers jours d'apprentissage du ménage se passent bien. Mais ensuite , je dois passer au stage d'auxiliaire de vie proprement dit. A ce moment- là , je demande à ne pas effectuer certains gestes qui me rendront maltraitante malgré moi. Je suis petite de taille .
Ma première tutrice refuse . C'est ça ou le ménage car , j'ai choisi cette formation , je dois donc faire ce qu'on me dit , point final. Et ce , quelque soit mon projetde formation.Et puis que je laisse tomber une personne âgée deux fois sur la même intervention ne la concerne pas.
Je n'ai qu'à retourner au ménage..Qu'à cela ne tienne, j'y retourne volontier , soulagée.
Avec la seconde équipe, je suis comprise et ne fais que ce que je sens pouvoir assurer auprès des résidents.
Au cours d'un repas ,alors que je nourri un vieux monsieur très souffrant, je lui parle en même temps. Je ne peux pas nourrir cette personne sans rien dire, ce n'est pas qu'une bouche !!
Je m'entends alors dire par une auxiliaire que les résidents sont fatigués de m'entendre .
Ce monsieur exprimait par son regard son attention à mes paroles. Lui qui avait fui dans le mutisme. Il ne parlait plus qu'à quelques personnes...
Et il m'avait fait comprendre combien il souffrait, en pleurant.
Il me parlait surtout avec son regard. Lorsqu'il ne voulait pas être dérangé, il lui suffisait de "couper le contact visuel".
Son regard se vidait.
Au cours des repas , j'explosais souvent sur les conditions de vie des personnes âgées. je râlais. Nous étions trois à avoir observé la maltraitance avec l'une des deux équipes, la plus jeune .
La parente d'une résidente avait "vu" la maltraitance psychologique.Elle s'en est ouverte aux autres familles . Mais le problème est le suivant: "où mettre nos personnes âgées ?" Alors , tout le monde a peur et tout le monde se tait.
On me disait "tais-toi, tu n'auras pas ta validation de stage!"
Tant pis pour moi,de toute façon , je ne pouvais pas me taire.
Les animatrices m'avaient prévenue que dans le sanitaire et social , j'en verrai de toutes sortes et du sordide aussi. On sait beaucoup de choses, on laisse faire. Les formatrices le savent aussi et là aussi, il faut rentrer dans la jeu car sinon, on se fait tancer.
J'ai eu droit à mon quart d'heure de semonces lorsque j'ai résumé mon stage une fois revenu à la partie théorie. L'organisme n'a pas accepté que je ne fasse pas TOUS les gestes demandés. Peu importe que je sois maltraitante ou non.
L'immense hypocrisie est le mensonge. Beaucoup de mes collègues ont reconnu la maltraitance dans la majorité des maisons de retraite..
Mais que faire ? elles devaient se tenir à cette formation sous peine de sanctions de la part des assédics, sous peine d'avoir à rembourser leur formation plus ou moins imposée.
Chacun dans son coin justifie le fait que la maltraitance existe. en ce qui me concerne , mon fils dont l'étatnécessitait que je reprenne ma place à la maison , m'a permis de quitter la formation.
J'ai alerté l'Association ALMA qui s'occupe de la maltraitance des personnes âgées, j'ai alerté un syndicat qui pouvait peut-être m'aider à faire quelque chose pour informer.
Et j'ai alerté Monsieur Chirac , président à l'époque.
Coïncidence ou non, quelques temps après naissait l'opération "+ DE VIE" créer par Bernadette Chirac et sur le même mode que les pièces jaunes.
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10 décembre 2007
07 décembre 2007
La Maison de Retraite : un moment de tendresse!
Un souvenir m'est revenu , celui de cette vieille dame qui la veille de Noël voulait se faire belle pour aller déjeuner en famille.
Les auxiliaires de vie l'avaient habillée pour la sortie..elle devait encore se faire arranger les cheveux par la coifffeuse de la résidence . On m'envoie la chercher. Dès qu'elle me voit , elle me montre ses vêtements , essayant vainement de se les arracher.
C'est cette dame que j'avais laissé tomber , assez brutalement en essayant de la faire passer du fauteuil aux toilettes et des toilettes au fauteuil .
Elle était toujours très raide et les efforts qu'elle faisait pour m'aider rendait les mouvements encore plus dificiles tant pour elle que pour moi, de plus sa voix était si faible , qu'il fallait se pencher sur elle pour saisir ce qu'elle voulait nous dire.
Et lors de ma première visite , elle m'avait accueillie en ronchonnant , autoritaire et méfiante.. Mais je suppose qu'elle montrait son raz-le -bol du" turn-over" des stagiaires .. Ces personnes changent tout le temps.
Certaines maisons de retraites comptent énormément sur ce personnel à former , corvéable à merci (pour cause d'évaluation de fin de stage..) et qui est gratuit...
encore que , 1 auxiliaire de vie pour vingt-cinq résidents , c'était reconnu comme étant , je cite: "le top du top"
Mes collègues se retrouvaient plus facilement à une auxiliaire pour quarante personnes.
J'étais dans une résidence de luxe, ne l'oublions pas...
Donc , cette dame me montre ses vêtements et à force de bouger , de se tortiller dans tous les sens , en tirant sur tout ce qui la gène, réussi à me faire changer sa tenue.
Et nous voilà , ahanant en coeur, à tirer, soulever , remettre , déboutonner, remonter les bas, la jupe , le chemisier, la veste, les lunettes au vol.....Dieu seul sait dans quel ordre !!
Jusqu'au résultat final . Ma "jolie grand-Mère "était exactement comme elle voulait se présenter à sa famille pour ce repas de Noël. J'ai eu droit à un beau sourire , coquin qui voulait dire : "on les a bien eu , hein !!!" ..
Mais c'est vrai qu'elle était très élégante, bien plus que dans sa première tenue vestimentaire , choisie à la va-vite par les auxiliaires de vie.
Bien sûr , je me suis faite sermonée car cela signifiait que j'avais ouvert la porte du vice: "Les caprices de Madame".
C'était l'équipe la moins attentive de service.
Je me vois gratifiée du droit suprême à piocher dans la boite de bonbons...Geste , oh combien symbolique !!!
La veille de mon départ , à la fin de mon stage, j'ai eu le privilège d'entendre l'histoire de la passion des chats de mon élégante grand-mère.
Un grand moment de tendresse partagée dans ce monde fou de la rentabilité à tout prix.
Les auxiliaires de vie l'avaient habillée pour la sortie..elle devait encore se faire arranger les cheveux par la coifffeuse de la résidence . On m'envoie la chercher. Dès qu'elle me voit , elle me montre ses vêtements , essayant vainement de se les arracher.
C'est cette dame que j'avais laissé tomber , assez brutalement en essayant de la faire passer du fauteuil aux toilettes et des toilettes au fauteuil .
Elle était toujours très raide et les efforts qu'elle faisait pour m'aider rendait les mouvements encore plus dificiles tant pour elle que pour moi, de plus sa voix était si faible , qu'il fallait se pencher sur elle pour saisir ce qu'elle voulait nous dire.
Et lors de ma première visite , elle m'avait accueillie en ronchonnant , autoritaire et méfiante.. Mais je suppose qu'elle montrait son raz-le -bol du" turn-over" des stagiaires .. Ces personnes changent tout le temps.
Certaines maisons de retraites comptent énormément sur ce personnel à former , corvéable à merci (pour cause d'évaluation de fin de stage..) et qui est gratuit...
encore que , 1 auxiliaire de vie pour vingt-cinq résidents , c'était reconnu comme étant , je cite: "le top du top"
Mes collègues se retrouvaient plus facilement à une auxiliaire pour quarante personnes.
J'étais dans une résidence de luxe, ne l'oublions pas...
Donc , cette dame me montre ses vêtements et à force de bouger , de se tortiller dans tous les sens , en tirant sur tout ce qui la gène, réussi à me faire changer sa tenue.
Et nous voilà , ahanant en coeur, à tirer, soulever , remettre , déboutonner, remonter les bas, la jupe , le chemisier, la veste, les lunettes au vol.....Dieu seul sait dans quel ordre !!
Jusqu'au résultat final . Ma "jolie grand-Mère "était exactement comme elle voulait se présenter à sa famille pour ce repas de Noël. J'ai eu droit à un beau sourire , coquin qui voulait dire : "on les a bien eu , hein !!!" ..
Mais c'est vrai qu'elle était très élégante, bien plus que dans sa première tenue vestimentaire , choisie à la va-vite par les auxiliaires de vie.
Bien sûr , je me suis faite sermonée car cela signifiait que j'avais ouvert la porte du vice: "Les caprices de Madame".
C'était l'équipe la moins attentive de service.
Je me vois gratifiée du droit suprême à piocher dans la boite de bonbons...Geste , oh combien symbolique !!!
La veille de mon départ , à la fin de mon stage, j'ai eu le privilège d'entendre l'histoire de la passion des chats de mon élégante grand-mère.
Un grand moment de tendresse partagée dans ce monde fou de la rentabilité à tout prix.
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