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10 décembre 2007

La Maison de retraite

Une Expérience

J'ai envie de vous faire part de cette expérience très particulière vécue en 2005.

A l'époque, je pressentais que nous devrions déménager encore une fois et donc pour nous mettre à l'abri de toutes ces recherches d'emplois fastidieuses, je voulais faire une formation pour un métier qui "s'exporte".

Je pensais à la formation d'auxiliaire de vie auprès d'enfants handicapés.
Concernée, je le suis car mon fils est atteint d'une maladie neuromusculaire. je voulais donc en faire un peu plus.

je prends donc rendez-vous dans un centre de formation avec la psychologue du travail. Je passe les tests.

Conclusion : Je suis
trop intellectuelle pour ce type d'emploi. Et voilà une bataille un peu bizarre qui s'engage.

Je ne comprends pas pourquoi je serais trop intellectuelle pour ce travail et je le signifie. Pas d'explications supplémentaire de la psychologue du travail.

Je vais donc de-ci ,de-là voir telle ou telle animatrice dans des associations dites d'insertion. Et j'explique. On me dis que je ne dois pas m'occuper de ce qui est dit et de continuer ma route.

A tout hasard, je demande quand même s'il n'existerait pas des formations correspondant à mes" capacités intellectuelles", puisque c'est de cela qu'il s'agit.

Ma foi , le temps se passe et je suis convoquée à un ultime entretien avec un conseiller ANPE et "ma psychologue"... qui m'abreuve de questions pièges.

Mais voilà , sans comprendre pourquoi, je suis retenue..

Ravie d'avoir su convaincre, j'entame ma formation.

Je reconnais que la partie "théorique" consistant en l'apprentissage des différents produits de nettoyage , et autres rubriques ne m'ont pas passionnées du tout.

J'avoue que je commençais à m'ennuyer un peu mais c'était le passage obligé pour travailler auprès d'enfants handicapés.

Vient le stage pratique.

Alors-là ,je crois que j'ai un peu commencé à comprendre.
Je voulais faire mon stage auprès d'enfants handicapés puisque c'était mon projet.
Et je me suis retrouvée d'office dans une maison de retraite.

De toute façon, c'était le but de cette formation. je me suis entendue dire que la majorité des personnes" placées " seraient amenées à travailler auprès des personnes âgées. j'ai protesté que ce n'était pas mon objectif principal et le pourquoi.

Bref, je prends mon poste dans une maison de retraite 4****.

Les deux premiers jours d'apprentissage du ménage se passent bien. Mais ensuite , je dois passer au stage d'auxiliaire de vie proprement dit. A ce moment- là , je demande à ne pas effectuer certains gestes qui me rendront maltraitante malgré moi. Je suis petite de taille .

Ma première tutrice refuse . C'est ça ou le ménage car , j'ai choisi cette formation , je dois donc faire ce qu'on me dit , point final. Et ce , quelque soit mon projetde formation.Et puis que je laisse tomber une personne âgée deux fois sur la même intervention ne la concerne pas.

Je n'ai qu'à retourner au ménage..Qu'à cela ne tienne, j'y retourne volontier , soulagée.

Avec la seconde équipe, je suis comprise et ne fais que ce que je sens pouvoir assurer auprès des résidents.

Au cours d'un repas ,alors que je nourri un vieux monsieur très souffrant, je lui parle en même temps. Je ne peux pas nourrir cette personne sans rien dire, ce n'est pas qu'une bouche !!

Je m'entends alors dire par une auxiliaire que les résidents sont fatigués de m'entendre .
Ce monsieur exprimait par son regard son attention à mes paroles. Lui qui avait fui dans le mutisme. Il ne parlait plus qu'à quelques personnes...
Et il m'avait fait comprendre combien il souffrait, en pleurant.
Il me parlait surtout avec son regard. Lorsqu'il ne voulait pas être dérangé, il lui suffisait de "couper le contact visuel".

Son regard se vidait.

Au cours des repas , j'explosais souvent sur les conditions de vie des personnes âgées. je râlais. Nous étions trois à avoir observé la maltraitance avec l'une des deux équipes, la plus jeune .

La parente d'une résidente avait "vu" la maltraitance psychologique.Elle s'en est ouverte aux autres familles . Mais le problème est le suivant: "où mettre nos personnes âgées ?" Alors , tout le monde a peur et tout le monde se tait.

On me disait "tais-toi, tu n'auras pas ta validation de stage!"
Tant pis pour moi,de toute façon , je ne pouvais pas me taire.

Les animatrices m'avaient prévenue que dans le sanitaire et social , j'en verrai de toutes sortes et du sordide aussi. On sait beaucoup de choses, on laisse faire. Les formatrices le savent aussi et là aussi, il faut rentrer dans la jeu car sinon, on se fait tancer.

J'ai eu droit à mon quart d'heure de semonces lorsque j'ai résumé mon stage une fois revenu à la partie théorie. L'organisme n'a pas accepté que je ne fasse pas TOUS les gestes demandés. Peu importe que je sois maltraitante ou non.

L'immense hypocrisie est le mensonge. Beaucoup de mes collègues ont reconnu la maltraitance dans la majorité des maisons de retraite..

Mais que faire ? elles devaient se tenir à cette formation sous peine de sanctions de la part des assédics, sous peine d'avoir à rembourser leur formation plus ou moins imposée.

Chacun dans son coin justifie le fait que la maltraitance existe. en ce qui me concerne , mon fils dont l'étatnécessitait que je reprenne ma place à la maison , m'a permis de quitter la formation.

J'ai alerté l'Association ALMA qui s'occupe de la maltraitance des personnes âgées, j'ai alerté un syndicat qui pouvait peut-être m'aider à faire quelque chose pour informer.
Et j'ai alerté Monsieur Chirac , président à l'époque.
Coïncidence ou non, quelques temps après naissait l'opération "+ DE VIE" créer par Bernadette Chirac et sur le même mode que les pièces jaunes.