Par Jean Lallouet, jeudi 21 février 2008
Vous lirez ci-dessous une lettre que Véronique et Guy - deux amis très chers - viennent d'adresser au Président de la République. Bousculés, l'un et l'autre, par la vie, ils s'étaient trouvés. Ils s'étaient aimés et s'ils aiment toujours. Ils avaient fait un enfant qui grandissait dans le ventre de sa mère. Il était le fruit d'un amour total, qui aurait donné un sourire à leur passion. Et un jour ordinaire a fait basculer leurs rêves de bonheur à trois dans un cauchemar...
Monsieur le Président de la République,
Nadine MORANO, qui s’exprimait récemment sur France Inter a eu cette phrase, vous concernant : « tout le monde a droit au bonheur ». L’histoire que je vais vous conter brièvement va vous montrer que le bonheur est une notion très relative. C’est l’histoire d’une jeune femme qui un jour, c’était le 18 novembre 1996, a rencontré sur sa route une autre voiture qui est venu la percuter de plein fouet sur un trajet tout à fait ordinaire entre la commune de FOUESNANT où elle habite et CONCARNEAU. Il était 13h05. Veronique a été plongée dans un coma qui a duré 6 mois environ, elle était enceinte de 6 mois et le bébé qu’elle portait n’a pas survécu à l’accident. Elle l’a gardé mort dans son ventre jusqu’au vendredi après l’accident quand elle l’a expulsé. C’était un petit garçon. La femme qui conduisait le véhicule venu la heurter accusait une alcoolémie de 3,25 grammes d’alcool par litre de sang. Rien que de très banal sauf que ça n’arrive pas qu’aux autres. Nous avons alors connu des périodes très difficiles, Veronique étant hospitalisée à BREST puis au Centre de Rééducation Fonctionnelle de KERPAPE.
Mon intention, Monsieur Le Président, n’est pas de venir troubler le bonheur que vous affichez sans complexe. Je voudrais simplement évoquer le quotidien d’une personne qu’un hasard de la vie a transformé en tétraplégique et sourde (avec un tremblement permanent d’origine neurologique), qui est passée très vite du statut de victime à celui de personne handicapée, un peu encombrante et dérangeante. J’ai pu m’en rendre compte quand il a fallu négocier avec l’assurance de la conductrice responsable de l’accident. C’est le parcours du combattant auquel se trouvent confrontées toutes les victimes. Veronique a obtenu une rente mensuelle, une présence de tierces personnes 24h/24, elle est devenue employeur malgré elle, avec tous les inconvénients d’un tel statut. De quoi se plaint-elle alors qu’elle a obtenu ce que d’autres n’ont pas réussi à avoir ?
Jusqu’au mois de décembre 2007, Veronique, comme d’autres handicapé(e)s dans son état, bénéficiait de la part de l’association qui gère son personnel, d’un forfait horaire de 10,85€, mais l’Etat ayant décidé de supprimer une subvention, ce forfait devrait grimper à 17,46€, une fois la mesure concrétisée. Ce qui fait qu’au lieu de verser 3900€ par mois, il lui en coûtera 6350€, sans compter les 2000€ de salaires pour la personne de nuit. Vous avez mis en place un plan pour la maladie d’ALZHEIMER, louable intention, sauf que ce plan c’est Veronique et les autres estropiés de la vie qui vont eux aussi aider à financer. Que vous ayez, Monsieur le Président, obtenu une revalorisation substantielle de votre « salaire », quoi de plus normal. Veronique, elle, devra payer toutes le franchises mises en place, comme une double peine, elle dont le handicap est pris en charge à 100%, et qui ne coûte pas très cher à la Sécurité Sociale, puisque la caisse se fait rembourser par l’assurance de la responsable de l’accident.
Vous aviez fait un passage, lors de votre campagne pour les présidentielles, par le Centre de KERPAPE. J’ai appris que cette visite relevait plus d’un plan de communication que d’une réelle compassion pour les estropiés que vous aviez pu croiser ce jour-là. Je sais hélas comme conjoint de handicapée, que le handicap, tout le monde s’en fout, ça n’arrive qu’aux autres…
Veronique qui est devenu mon épouse, me demandait récemment de « l’aider à ne pas désespérer », ce que j’essaie de faire tous les jours. J’aurais aimé de la part de quelqu’un qui s’engageait après son élection, et évoquait « une France qui ne laissera personne sur le bord du chemin », que vous vous remémoriez ces propos. Les handicapés aimeraient aussi que vous ne les laissiez pas sur le bord du chemin. Tout le monde a le droit au bonheur, Monsieur le Président, et je ne vous souhaite que du bonheur.
Nadine MORANO, qui s’exprimait récemment sur France Inter a eu cette phrase, vous concernant : « tout le monde a droit au bonheur ». L’histoire que je vais vous conter brièvement va vous montrer que le bonheur est une notion très relative. C’est l’histoire d’une jeune femme qui un jour, c’était le 18 novembre 1996, a rencontré sur sa route une autre voiture qui est venu la percuter de plein fouet sur un trajet tout à fait ordinaire entre la commune de FOUESNANT où elle habite et CONCARNEAU. Il était 13h05. Veronique a été plongée dans un coma qui a duré 6 mois environ, elle était enceinte de 6 mois et le bébé qu’elle portait n’a pas survécu à l’accident. Elle l’a gardé mort dans son ventre jusqu’au vendredi après l’accident quand elle l’a expulsé. C’était un petit garçon. La femme qui conduisait le véhicule venu la heurter accusait une alcoolémie de 3,25 grammes d’alcool par litre de sang. Rien que de très banal sauf que ça n’arrive pas qu’aux autres. Nous avons alors connu des périodes très difficiles, Veronique étant hospitalisée à BREST puis au Centre de Rééducation Fonctionnelle de KERPAPE.
Mon intention, Monsieur Le Président, n’est pas de venir troubler le bonheur que vous affichez sans complexe. Je voudrais simplement évoquer le quotidien d’une personne qu’un hasard de la vie a transformé en tétraplégique et sourde (avec un tremblement permanent d’origine neurologique), qui est passée très vite du statut de victime à celui de personne handicapée, un peu encombrante et dérangeante. J’ai pu m’en rendre compte quand il a fallu négocier avec l’assurance de la conductrice responsable de l’accident. C’est le parcours du combattant auquel se trouvent confrontées toutes les victimes. Veronique a obtenu une rente mensuelle, une présence de tierces personnes 24h/24, elle est devenue employeur malgré elle, avec tous les inconvénients d’un tel statut. De quoi se plaint-elle alors qu’elle a obtenu ce que d’autres n’ont pas réussi à avoir ?
Jusqu’au mois de décembre 2007, Veronique, comme d’autres handicapé(e)s dans son état, bénéficiait de la part de l’association qui gère son personnel, d’un forfait horaire de 10,85€, mais l’Etat ayant décidé de supprimer une subvention, ce forfait devrait grimper à 17,46€, une fois la mesure concrétisée. Ce qui fait qu’au lieu de verser 3900€ par mois, il lui en coûtera 6350€, sans compter les 2000€ de salaires pour la personne de nuit. Vous avez mis en place un plan pour la maladie d’ALZHEIMER, louable intention, sauf que ce plan c’est Veronique et les autres estropiés de la vie qui vont eux aussi aider à financer. Que vous ayez, Monsieur le Président, obtenu une revalorisation substantielle de votre « salaire », quoi de plus normal. Veronique, elle, devra payer toutes le franchises mises en place, comme une double peine, elle dont le handicap est pris en charge à 100%, et qui ne coûte pas très cher à la Sécurité Sociale, puisque la caisse se fait rembourser par l’assurance de la responsable de l’accident.
Vous aviez fait un passage, lors de votre campagne pour les présidentielles, par le Centre de KERPAPE. J’ai appris que cette visite relevait plus d’un plan de communication que d’une réelle compassion pour les estropiés que vous aviez pu croiser ce jour-là. Je sais hélas comme conjoint de handicapée, que le handicap, tout le monde s’en fout, ça n’arrive qu’aux autres…
Veronique qui est devenu mon épouse, me demandait récemment de « l’aider à ne pas désespérer », ce que j’essaie de faire tous les jours. J’aurais aimé de la part de quelqu’un qui s’engageait après son élection, et évoquait « une France qui ne laissera personne sur le bord du chemin », que vous vous remémoriez ces propos. Les handicapés aimeraient aussi que vous ne les laissiez pas sur le bord du chemin. Tout le monde a le droit au bonheur, Monsieur le Président, et je ne vous souhaite que du bonheur.
jeudi 21 février 2008 à 11:23, par Alain E. VALLEE (Rennes)
Lorsque l'on quitte le vaste domaine des idées générales pour être confronté aux dramatiques et terrifiantes réalités particulières, on doit entrer, la commpassion à l'esprit, dans la véritable mission et raison du politique.
Lorsque l'on écrit au Président, c'est que les solutions ordinaires échouérent, sauf si le Médiateur de la République et la Justice devaient trouver un défaut dans l'application du droit
Un Etat qui se prétend exemplaire à travers le monde, doit le prouver dans le quotidien à ces citoyens qui ont besoin d'aide parce qu'ils furent broyés par les circonstances.
Il faut de la sympathie et de la sincérité, y compris collective. La douleur restant évidemment personnelle.
On sait évacuer les ressortisants européens du Liban. On sait défiscaliser les heures supplémentaires de ceux qui ne travaillent plus légalement que 35 heures ... Mais les victimes, enfants orphelins, les blesssés et les handicapés, à cause des Guerres furent-ils tous convenablement traités ?
A chaque fois, c'est la volonté politique et donc le système qui sont en cause. A efficacité égale, pourquoi donc les républiques apparaissent-elles souvent plus froides que les démocraties ?
Il faut aussi de l'argent.
Alors l'on repense aux déficits publics. On se souvient que, depuis des lustres, les budgets publics sont votés en déficit et que l'affectation des ressources ne comble déjà pas les dépenses, ce qui constitue une majeure cause du chômage. On constate qu'il y a donc quelque chose qui ne fonctionne plus dans ce pays.
Et puis, l'on se souvient de la lourdeur du système administratif, de l'ampleur de notre réseau diplômatique, de l'absurde empilement des collectivités locales, de la structure et de l'affectation des prélèvements obligatoires, ... pour observer que les moyens humains et matériels ne manquent pas mais que leur nature et leur affectation semble inefficace pour la société et les gens ordinaires qui, pourtant, les financent ... pour vérifier que de réformes en réformes rien ne change trop souvent.
L'habituelle astuce consisterait à créer une nouvelle taxe. Mais, en dehors d'une aide ponctuelle qui ne résoud rien pour le plus grand nombre et qui ne constitue pas un droit, la solution politique imposerait de réaffecter durablement les vastes moyens disponibles vers les réels besoins insatisfaits.
A.V.
jeudi 21 février 2008 à 12:08, par GILBERT (REZE)
Monsieur le Président de la République,
Un témoignage supplémentaire dont la lecture mérite encore plus que la compassion des actes de véritable assistance d'handicapés et familles en danger! Nous pouvons tous représenter le potentiel de victimes et coupables. Mais qui fait l'apologie, de l'alcoolisme, de la drogue, des fêtes? Qui automatise de répression les radars sans droit citoyen de légitime défense juridique? Combien de faux permis en million? L'aliénation socilogique a fait l'objet de nombreux débats sur le présent blog. Le bonheur ce simple bonheur richesse avortée d'aliénations tecnocratiques.
Handicapés à vie, spoliés du bonheur, vétérans civiles et militaires du nucléaire, oubliés par la monarchie des courisans ... Nous sommes avec vous!
MERCI
vendredi 22 février 2008 à 14:08, par Pierre Marhic (Bohars)
Merci à Gilbert de citer les victimes des essais nucléaires, les militaires en particulier, qui ne disposent d'aucun droit dans ce pays.
Tout malheur est à plaindre et à soulager; le cancer ignore les clivages politiciens.
Le candidat N Sarkozy est passé à Lanester durant sa campagne; au nom de l'ANVVEN que je préside, nous avons demandé un entretien. Pas de réponse. J'ai lu qu'il avait trouvé 2 heures pour visiter un élevage de cochons hors sol en compagnie de son copain, leader du principal syndicat agricole.
Le président est venu à l'Ile Longue le 13 juillet 2007 vanter les mérites de la dissuasion, garante de la paix. "Vous êtes l'assurance vie de la Nation" a-t-il déclaré aux équipages des SNLE. Pas un mot pour ceux qui ont été exposés sans véritable protection, lors des expérimentations, lesquelles ont largement favorisé et accéléré le développement de l'énergie électrique d'origine nucléaire, avec de juteux contrats à l'exportation. Aucune reconnaissance. Rien!
Tous les pays occidentaux , sauf la France, ont reconnu les maladies radio-induites.
Le secret défense étouffe nos plaintes et dans quelques années, les héros de cette histoire de France, seront tous morts dans l'indifférence générale.
P Marhic
président de l'ANVVEN