Personne ne s'imagine cette chose effrayante:
La vie a une fin, une fin que l'on ne connaît pas et qui peut survenir à n'importe quel moment.
Et lorsque qu'elle survient, celle que l'on nomme "La Grande Faucheuse", on se dit parfois:
"Si j'avais su!" et pourtant, nous le savons tous, en cet instant même que la vie peut prendre fin.
Nous le savons consciemment ou non.
Pourtant, nous continuons à vivre pour le meilleur (pour soi) en ignorant les autres.
Nous refusons la remise en question salutaire qui est de s'arrêter cinq minutes et de se demander si nous sommes bien sur la bonne voie.
La voie du respect de l'autre, la voie de l'altruisme qui permet de dépasser les travers de la vie, lorsqu'elle ne veut pas s'ouvrir au moment où nous le souhaitons.
Et nous voulons toujours plus, prouver que notre petite personne le vaut bien.
Oui mais vaut bien quoi?
La belle maison qui va faire bisquer notre imbécile de voisin ?
Imbécile ? Ais-je dis ? Mais de quel droit ?
La meilleure paye ?
Mais en travaillant combien d'heures et sur quels sacrifices inomables ?
La plus belle voiture, la plus rapide ?
Mais la plus chère donc la plus lourde à entretenir.
Celle qui va nous faire travailler plus pour dépenser plus.
Et voilà comment finissent par se pourrir les relations.
On devient accroc à un chantage de société.
Celle que l'on croit évoluée.
On en oublie le fondamental:
L'amour de soi au travers de l'amour de l'autre.
L'amour de l'autre participant de l'amour de soi.
Non, je ne suis pas en train de prêcher pour une quelconque religion, d'abord je n'en ai pas vraiment.
Mais l'expérience que je viens de vivre, le décès de ma soeur, me fait réfléchir à nos relations.
Familiales d'abord.
Certes la famille peut représenter un poids lourd et parfois, la seule solution est de s'exiler à l'autre bout du pays.
Cela me fait penser à l'une de mes belle-soeur. Elle a décrêté que j'avais volé son frère à la famille.
que depuis que son frère vit avec moi, la famille ne le voit plus.
Que voulait-elle? Le mettre dans son lit ?
La première fois que je l'ai rencontré, à Figueras, mon futur mari voulait que nous soyons logés à l'hôtel et du coup la Madame se croyait obligé de venir, tous les matins à neuf heures tapantes, nous réveiller avec ses poivrons frits et ses pains au chocolat qui finissaient par me donner la nausée.
Pire que ma Belle-Mère qui acceptait encore que je sois française! Et bien plus ouverte d'esprit.
Des belles-soeurs, j'en ai cinq et j'ai pu m'imposer face à quatre.
la dernière d'entre-elle, la plus jeune et bizarrement celle que l'on dit la plus moderne s'est mise en travers de ma route, avec chantage à la maladie.
Chaque fois qu'elle appelle, c'est pour se déclarer malade.
Elle à eu, effectivement, un cancer du sein, il y a plus de vingt ans.
Mais elle en a guéri.
Cependant, chaque fois qu'elle le peut, elle en joue...
Ce qui culpabilise celui ou celle qui reçoit son angoisse.
Pourtant, puisque la mort est en fin de compte inéluctable, pourquoi ne pas vivre et laisser vivre en paix ?
Nous avons aujourd'hui tant de moyens de faire notre ménage intérieur.
Nos relations extérieures ensuite.
En ce qui me concerne, j'aime communiquer.
J'aime apprendre des autres.
La vie se meurt de trop de solitude.
Ma soeur n'avait plus d'amis.
Elle vivait seule, dans sa grande maison d'architecte, en bordure de forêt de Compiègne.
La plus belle et la plus chère du quartier.
Ses enfants devaient partir, l'un en Suède et l'autre à Lille en septembre.
Son mari, dont elle avait divorcé et avec lequel, elle revivait depuis plus de dix ans, était parti sur une énième dispute mais accroc à elle.
Il serait revenu.
Pourtant, un soir, après avoir diné avec son plus jeune fils et un ami, au moment de se mettre au lit.
Elle a décidé d'en finir.
Mon neveu était parti passer la nuit chez sa copine.
Le plus âgé parti en vacances.
Comme le disent les médecins, ce type de suicide est impulsif et incontrôlable et cela prend un quart d'heure.
Sauf si quelqu'un passe par là au bon moment.
Mais nous sommes adultes et personne n'est censé être notre ange-gardien vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Ce ne serait pas vivable non plus.
Mais voilà, pour ceux qui restent, c'est comme une punition.
Nous avons été absents.
Et le plus difficile est de se défaire de la culpabilité.
Celle de n'avoir pas su, pas pu ou pas voulu trouver la juste distance entre la relation telle qu'on se la représente avec tous les fantômes familiaux comme compagnie et celle qui est porteuse de sens et d'espoir.
Je n'en fini donc pas de revenir sur cet acte qui a fait voler en éclat toute certitude, toute animosité envers la famille.
J'espère seulement qu'il permettra de resserrer quelques liens distendus.
Que ma soeur ne soit pas morte pour rien.