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17 septembre 2008

Entre soeurs.

« Entre sœurs, tout commence avec la rivalité »
Elles se font la guerre, s’ignorent ostensiblement ou s’envient en silence. Entre sœurs, les sentiments sont aussi complexes que passionnels. C’est pour cette raison, affirme la psychologue Maryse Vaillant, que cette relation est un véritable laboratoire de la féminité.
À la lecture de votre livre, on est frappés par la rivalité, l’envie, la jalousie, la haine même parfois qui do­minent la relation entre sœurs, y compris à l’âge adulte. Pourquoi une palette de sentiments si sombres ?
Maryse Vaillant : Entre sœurs, tout commence avec la rivalité. Une rivalité œdipienne, qui fait que l’on a le désir de capter l’amour du père, mais aussi celui de la mère. Ce désir pousse à une compétition acharnée, chacune des filles se battant avec ses armes pour être vue, aimée et, surtout, préférée. Entre sœurs, on se chipe les vêtements, les amoureux, on se chamaille, on se déteste, puis on se réconcilie, jusqu’au « mauvais coup » suivant.

Cette rivalité est ordinaire et souhaitable, car elle est structurante. Il est important qu’à ce moment-là, l’agressivité ne soit pas refoulée, qu’elle ne soit pas interdite par les parents, sinon, et c’est souvent le cas, elle peut rejaillir beaucoup plus tard sous forme de haine, secrète ou exprimée. Car l’inconscient, qui n’a pas d’âge, a tout stocké : les jalousies, les brimades, les agressions, les trahisons. Si les vannes cèdent, tout ce refoulé explose, même bien plus tard. Et s’il n’explose pas, il continue à être actif et s’exprime de plusieurs façons : l’envie, la rivalité via les enfants, la prise de distance dans la relation, ou encore une rupture « prétexte » pour en finir enfin avec tout ce qui n’a pas pu être exprimé et résolu dans l’enfance.

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Zoridae  C'est dur ce que tu évoques... Prends soin de toi et de ta famille ! Courage !

M.
Sinon, sur ta belle réflexion qui suit, je suis comme toi, c'est un choc traumatique le téléphone si bien que j'ai viré le portable(enfin, il est en mode vibreur, y a que le chat qui s'éclate avec)j'ai en horreur sa sonnerie j'ai beau la changer mais rien n' y fait, j'oublierais jamais le jour où, à 7 heures du matin l'on m'a annoncé la mort de mon beau frère, le jour où il m'a fallu réveiller mon mari pour lui dire que son grand frère était décédé, les cris de mon mari et de ma fille, c'est d'une violence inouïe et j'avoue, que, 8 mois après, c'est encore comme si c'était hier.
Ce n'était pas mon frère mais je l'aimais comme. Et je comprends la douleur de mon mari qui a perdu sa chair, son frère, son sang, combien je comprends cette souffrance que de la voir depuis 8 mois dans les yeux de mon mari.C'est inhumain de séparer les gens qui s'aiment.

Oui, tout cela est dur.
Sur fond de  rivalité entre soeurs.
Ma soeur représentait l'idéal de notre mère:
Jolie, plaisant aux hommes, ayant épousé un homme capable de réussite sociale et qui le montrait surtout.
La gloire, l'amour, la beauté.
A en juger la taille de la photo devant Monsieur le Maire.
Tout était "en représentation".

Comme je le disais ici.
 Moi, je suis plutôt la "bohêmienne", la routarde, l'intellectuelle.
Celle qui lisait partout, tout le temps, même à table, quitte à paraître mal élevée.

Ma soeur était docile, soumise, parée, fréquentant les "faiseuses de beauté".
La voix de son maître.
Elle m'exaspérait à répéter partout ce que notre mère disait.
On aurait dit deux soeurs siamoises.
Toujours ensembles. Elles en arrivait à se ressembler.
Même mariée, ma soeur était toujours fourrée chez sa mère.
Elles était inséparables.
Et inaccessibles car inimitables.
J'ai eu beau essayer à certaines époque d'être plus "féminine" comme elles.
Bien que ça m'ait réussi physiquement, je ne me sentais pas "MOI".
Je n'était qu'un clone un peu fade de leurs projections.

En bref, je ne suis pas cela.

Je suis moi et autre.
Il m'a fallu du temps et des guerres pour pouvoir m'imposer comme je suis.

Et puis avec le temps et de nombreuses lectures sur le sujet et quelques visites chez psychologue, le temps de restituer ce que j'avais compris (j'ai eu la chance de rencontrer un homme plutôt âgé  ayant travaillé avec Françoise Dolto et qui avait une façon originale de pratiquer la psychologie. Il recevait la personne accompagné de sa femme qui prenait note mais reproduisant ainsi le couple parental).
Une dizaine de visites m'ont suffit à y voir clair.

Et puis j'ai commencé à faire un retour prudent vers ma famille.
Mais je n'ai que des contacts téléphoniques avec ma soeur aînée.
Elle n'était pas disponible pour que l'on se voit.

Pas disponible en elle surtout.
La fatigue des horaires de "Carrefour".
la fatigue du temps qui passe.
Et puis son rôle à tenir. Le rôle de celle qui a réussi socialement et ça se voit.
Impossible donc de se "déclasser". De vendre la belle maison et avec le l'argent réinvestir ailleurs moins cher et plus près de son ancien travail.
Carrefour toujours mais où elle était connue après  tant d'années de bons et loyaux services et où elle avait sa place et un poste moins fatiguant et correspondant mieux à son statut social.

Cette:mutation-là, enfin obtenue après tant d'années de route (cent vingt km aller-retour par jour) lui a sans doute été fatale car il ui a fallu s'adapter à un autre poste.
Difficile puisqu'elle commençait à quatre heure trente tous les matins.
Poste sans nul doute peu agréable ayant sonné l'heure de sa mise au rencart.
Plus moyen d'exiger, il lui fallait faire ses preuves.
L'âge aidant, dans un contexte social morose, avec une mise à la retraite plus lointaine du fait des nouvelles lois, j'ai senti ma soeur, lors de notre dernier appel téléphonique, submergée par ce travail.
Cela avait l'air de  lui prendre toute son énergie.
Sans compter les difficultés de relations sociales apparues avec ses horaires inhumains.
Plus d'énergie pour aller vers les autres y compris la famille.

Tout ça pour assurer le bonheur de qui ?  De toute évidence, pas le sien !
Le sentiment que j'ai, en évoquant tout cela est que ma soeur s'est soumise à quelque "sacrifice" pour l'honneur de la famille.

Comme si elle avait obéi au principe qui veut que notre mère, abandonnée à l'âge de six mois mais inadoptable par sa propre mère (notre grand-mère) soit réintroduite en société par l'une de ses filles.
Ce fut ma soeur choisie.
C'était la plus maléable.

C'est comme cela que je ressents ce suicide.
Par la pendaison ( ce mot est terrible dans ce qu'il projette de violence et de souffrance ) elle a démontré qu'elle "étouffait" littéralement sous le sens du devoir sans autre but que de restituer le sentiment d'appartenance à la société à ma mère qui ne vivait que par la "réussite" de sa fille aînée.

Je n'arrive plus à imaginer ma soeur sans ressentir cette souffrance qui a due être ignoble tant son geste laisse de sensation de malaise.

Qui l'aurait cru? Celle a qui notre mère a tout donné, celle qui a obtenu toutes les faveurs, à notre détriment.
Celle qui cristallisait toute son affection. Tous ses regards.

Place enviable, certes mais à quel prix?
Et aujourd'hui, nous vivons tous dans la culpabilité de n'avoir pas su prendre en compte toute cette dimension tragique de mise à mort avant même la naissance.

Car dans ce suicide, c'est bien la notion d'abandon familial qui domine, qui rejailli, encore et toujours..
Le prix à payer pour la faute des ancêtres.
Et si ma grand-mère a réagi comme cela, n'avait elle pas, elle aussi des "raisons" de le faire ?
Quelle a donc été ses sa relation à ses propres parents pour abandonner sa fille à six mois et de la façon la plus odieuse qui soit puisqu'elle a refuser de payer la nourrice.
Ne savait -elle pas qu'en ne payant plus, elle mettait sa fill en danger d'abandon?
C'est ainsi que ma  mère est arrivée dans les foyers de la DASS, et rendue inadoptable par le refus de ma grand-mère à signer les certificats d'abandon régulièrement envoyé chez elle.

Voilà comment peuvent se terminer de telles histoires pour les personnes fragiles.
Nous portons toutes en  nous cette carence,ce sentiment d'abandon.
Ma soeur a choisi de partir parce que tout autour d'elle changeait et que cela, elle ne l'a pas suporté.
En tout cas, c'est ce que je suppose car le VRAI pourquoi nous échappera toujours.
Mais à reconstruire l'histoire familiale, c'est ainsi que je le ressens.

Alors qui peut en vouloir à qui?

Pour tout ce que nous ne pourrons jamais  vivre ensemble...
En souvenir de l'un des rares moments passé ensembles, très loin de la famille.
Un moment de rencontre vraie, comme il n'y en aurait jamais plus.