Les Cahiers et le forum "Le dire pour agir" permettent au Secours populaire de collecter des témoignages de personnes en difficulté et ce, pour mieux comprendre leurs besoins et leurs attentes… Ce moyen d’expression est une porte ouverte aux idées nouvelles, pour une société plus solidaire. Emouvant, pénible, voire poignant, chaque témoignage mérite une attention particulière. Denis, "vivant dans un coin du sud de la France", a laissé l'un d’eux sur le forum "Le dire pour agir". Il parle de la misère et de la pauvreté dans les villages de France, préoccupation qui fut au coeur du Congrès national du SPF les 23-24 et 25 novembre 2007, et dont le thème était "France et monde, solidarités dans les zones rurales". "Bonjour à tous d'abord,
Je me présente, je m'appelle Denis, j'ai 37 ans, je vis dans un coin du sud de la France... Je voudrais par ces quelques lignes parler de la précarité et de la misère dans les villages de France. A la télé, dans les médias en général, on nous parle des pauvres dans les villes comme Paris, cela c'est la misère qui se voit aux yeux de tous... Maintenant il y a une autre misère, celle qui ne se voit pas, celle qui est cachée, au fin fond des campagnes françaises. Celle-ci est terrible, terrible parce qu’elle est isolée aux yeux de tous, cachée, bien cachée même, dans des petits villages où services publics et autres ont disparu. Cette misère là est cachée parce que ceux qui la vivent ont honte de dire qu'ils n’ont que le RMI pour vivre, qu'ils ont aussi des coupures d'électricité, qu'ils vivent sans chauffage, sans lumière, sans manger à leur faim et vivant dans des logements insalubres... Et puis, il y a sans cesse cette peur au ventre d'être "insulté" dans les ruelles du village parce qu’il y a un RMiste qui y vit. Et bien cette vie-là est bien réelle, elle est réelle parce que cela est mon quotidien. J'habite dans un petit village du département du Gard, je suis seul, sans famille, sans ami. Avant j'avais un boulot. J'ai travaillé 13 ans à l'usine et j'ai eu un accident dans la vie. Maintenant je me retrouve au RMI avec des difficultés. Les fêtes de fin d'année, je les ai passées seul, mais on se dit qu'on a encore de la dignité, un honneur à respecter. Alors on ne demande rien à personne, même pas un bout de pain, et pour pouvoir s'acheter quelque chose, et bien on économise pendant une année. L'autre jour, je me suis fait insulter parce que chez moi, je possède un ordinateur connecté à Internet, en disant, que c'est du luxe, pour vous dire à quel point les gens deviennent méchants. Enfin bref, si à l'heure actuelle le fait de posséder un ordinateur est un critère de luxe, et bien où va-t-on ? Voila j'espère que mon témoignage représente aussi tous ceux qui sont dans la misère, et qui vivent dans les petits villages de France. Cordialement à tous et bonne année 2008.
Merci au Secours populaire français qui, par ce site Internet, permet à des gens isolés de se faire entendre." Denis |