Le deuil d’un suicide est-il un deuil comme un autre ?
Christophe Fauré : Non ! Il comporte une dimension traumatique, avec un risque élevé de "syndrome de stress post-traumatique", surtout pour ceux qui découvrent le corps, d’où une durée plus importante du processus de deuil. La personne passe par une phase de recherche du "pourquoi" véritablement obsédante pour les proches, pendant des mois ou des années.
L’impact particulièrement violent de la culpabilité et des "punitions" qui en découlent, la place particulière de la colère (soit tournée vers l’extérieur, à la recherche de boucs émissaires, soit tournée contre soi ou envers la personne suicidée, ce qui est souvent très pénible à éprouver pour les proches car très culpabilisant) complique ce deuil. Il existe un risque accru de passage à l’acte suicidaire chez les personnes en deuil après suicide. La honte et une possible stigmatisation sociale, entraînant souvent une auto exclusion des réseaux de soutien, s’ajoutent à la souffrance de l’absence.
Quelles sont les étapes incontournables que traverse le conjoint survivant ?
C. F. : Il passe par les mêmes quatre phases que dans le deuil classique, mais elles sont souvent plus longues et émaillées d’enjeux spécifiques.
En premier, le choc et la sidération sont démultipliés, puis l’on recherche la personne disparue, en fuyant la souffrance. Vient ensuite la phase de déstructuration, qui précède celle de restructuration.
Comment s’affranchir de la culpabilité ou de la colère ressentie après le suicide de son conjoint ?
C. F. : C’est difficile, voire impossible. C’est le cœur du travail de deuil d’aider à distiller cette culpabilité et cette colère. C’est d’ailleurs le point de souffrance des personnes en deuil après suicide, sauf dans les situations où la cause du suicide est évidente et au-delà de ce que les proches pouvaient faire ; dans le cas d’une maladie, par exemple.
Est-il plus difficile de parler à son entourage du suicide de la personne que l’on aimait ?
C. F. : Ce n’est pas la même chose. Il y a l’impact de la honte et de la peur de la stigmatisation sociale. S’ajoute à cela l’impact de la culpabilité et du doute quant à sa propre responsabilité dans le passage à l’acte. La honte et la culpabilité ayant un impact majeur sur l’image de soi, l’estime de soi. Il y a un enjeu d’identité : quelle est la "qualité" de mon amour s’il n’est pas suffisant pour maintenir mon conjoint à la vie ?
Les amis, la famille sont pourtant la source principale de soutien d’une personne en deuil. Qualité d’écoute et de présence, non jugement, disponibilité sur le long terme, patience - car le processus est très long - sont indispensables. Une aide concrète est parfois nécessaire (matérielle, organisation...).
Pour la personne qui survit au suicide de son conjoint, il est nécessaire de connaître un minimum la dynamique du deuil (les différentes phases) pour éviter des paroles malheureuses (commentaires, jugements…) ou des attitudes inadaptées (mettre la pression pour que la personne aille mieux trop vite, par exemple, sans respect de son rythme naturel).
Y a-t-il des étapes clés nécessaires pour pouvoir accepter la mort et vivre le deuil ?
C. F. : Oui, par exemple, les obsèques. Elles aident la personne en deuil à s’identifier comme étant en deuil, elle se voit accorder le "droit de deuil" par son entourage réuni autour d’elle.
Les obsèques aident également à redonner aux proches des images plus apaisées en contraste avec celles, violentes, du suicide.
Quels conseils peut-on donner aux conjoints de personnes suicidaires et suicidés ?
C. F. : On peut leur conseiller de faire appel au réseau de soutien : cela peut être les "aidants naturels" (amis, proches, collègues), le médecin traitant, les ministres du culte mais aussi les associations de prévention du suicide ou d’accompagnement du deuil après suicide (ligne téléphonique, entretien individuel, groupes de parole), les réseaux sur le web (forums, infos) ou les psychiatres !
Le deuil nous renvoie à une solitude ultime qui est au cœur de toute existence humaine. Le processus de deuil est un incessant aller-retour entre le monde extérieur (et le soutien que le réseau offre) et l’intérieur, lieu de solitude fondamentale où se distille l’essence du deuil et où personne ne peut nous rejoindre. Ce vécu de solitude est donc normal et même nécessaire.
Le suicide fait peur car il renvoie à un tabou de notre société. Le briser peut plus ou moins inconsciemment jeter l’opprobre sur les proches et induire des attitudes d’exclusion parfois subtiles, même si la personne est parfois celle qui s’auto exclue, sans même s’en rendre compte, et ceci, sous le joug de la honte.
Le danger d’un sentiment de "destin qui s’acharne" est de se construire une vision de son avenir dans cette perspective et de voir toutes les difficultés de la vie comme des "preuves" d’un destin funeste.
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07 février 2009
03 septembre 2008
Le deuil
![]() Si un de vos proches vient de mourir, nous espérons que cette brochure vous aidera à comprendre que vous n’êtes pas seul et qu’il existe de l’aide pour vous aider à vivre vos émotions. Si un de vos amis ou un membre de votre famille est en deuil, cette brochure permettra à chacun de vous de comprendre et de traverser cette période difficile. Comprendre le deuil Le deuil et les étapes complexes du processus de deuil sont nécessaires. Même si pour l’instant la peine semble intolérable, il est normal et sain pour une personne en deuil d’éprouver des émotions intenses et de soudains changements d'humeur. Ces réactions sont normales suite à une perte. Il faut du temps pour s’en remettre. La durée de la période de deuil dépend de la situation et varie considérablement d'une personne à l’autre. Le deuil n’est pas une faiblesse mais bien une nécessité. Refuser de faire son deuil est immature et peut occasionner des problèmes ultérieurement. Le deuil nous aide à accepter l’absence du défunt et la fin de notre relation avec celui-ci. Il nous permet également d’axer nos énergies vers l’avenir. Les étapes du processus de deuil Le processus de deuil compte plusieurs étapes. Les trois étapes décrites ci-dessous sont celles vécues par la plupart des gens. Cependant, les gens ne passent pas nécessairement de la première à la dernière étape dans l’ordre logique. Certaines personnes peuvent sauter plusieurs fois d’une étape à l’autre et le temps nécessaire pour ce faire peut varier. Étape I – Torpeur ou état de choc Immédiatement après la nouvelle du décès, vous n’éprouverez sans doute peu de choses hormis un vif sentiment d’irréalité. Certaines personnes décrivent cette sensation comme le fait d’être enveloppé dans un cocon ou d’avancer comme un somnambule durant les funérailles et autres démarches qui suivent nécessairement un décès. Cette étape peut durer plusieurs semaines ou plusieurs mois. Étape II – Désorganisation Éventuellement, l’état de choc protecteur se dissipe et les émotions refont surface. Vous éprouverez peut-être quelques symptômes physiques. Il est possible que vous ayez la gorge serrée, que vous vous sentiez essoufflé, que vous ayez fréquemment le besoin de soupirer ou que vous ressentiez une fatigue extrême. Les symptômes émotionnels peuvent être encore plus troublants. La colère envers l’être cher parce qu’il est décédé et la culpabilité qui l’accompagne peuvent être accablantes. Vous avez besoin de vous remémorer la vie du défunt et les événements qui ont précédé son décès. Vous vous préoccuperez peut-être en pensant aux erreurs que vous croyez avoir commises ou aux choses que vous auriez dû faire pour le défunt. Ce qui nous angoisse sans doute le plus est le sentiment de perdre la maîtrise de nos émotions. Il s’agit d’une période douloureuse et remplie de bouleversements émotionnels. Elle fait toutefois partie du processus de deuil. La plupart des gens s’en remettent mais cela peut prendre des semaines, des mois et parfois même plusieurs années. Étape III – Réorganisation Avec le temps, vous commencerez à vivre des périodes pendant lesquelles vous arrêterez de penser sans cesse à votre perte. Vous serez alors en mesure de vous concentrer sur les tâches quotidiennes. Une grosse peine ne peut s’oublier complètement. Elle finit plutôt par se positionner parmi les autres exigences plus immédiates de la vie. Des amitiés plus profondes peuvent se forger au cours du processus de partage. Vous serez par la suite peut-être encore plus conscient de la valeur de la vie, des gens et des expériences. Comment aider un ami endeuillé? Il est difficile de participer au processus de deuil d’une autre personne à moins que vous n’y soyez invité. Sachez aussi que vous pourriez vous-même vous sentir coupable ou impuissant face à la réalité de la mort ou avoir l’impression de ne pouvoir faire grand chose pour réconforter la personne endeuillée. Ce sentiment est tout à fait naturel. Il y a cependant des moyens pour aider la personne au cours des différentes étapes du processus de deuil. Comment aider à l’étape I? Jouez un rôle de soutien. Vous êtes là pour qu’on s’appuie sur vous. Vous pouvez par exemple aider à la préparation des repas, à la planification des démarches relatives aux funérailles ou à toute autre tâche bouleversante qui fait suite à un décès. Comment aider à l’étape II? Sachez écouter. Reconnaissez le besoin de votre ami d’exprimer ses émotions et de raconter sans cesse des anecdotes au sujet de la vie et du décès de la personne chère. Les gens ont besoin de parler de leur perte. Comment aider à l’étape III? Soyez un ami. Aidez-la personne endeuillée à reprendre sa vie active et à reprendre sa vie sociale. Encouragez-la à participer à des activités sociales, à des groupes d'intérêts spéciaux, à faire des passe-temps, etc. Peu de gens peuvent affronter seuls la peine du deuil. Ils ont besoin de la partager et de parler de leur perte. Cela fait partie du processus de deuil. Si les réactions sont excessives, encouragez la personne endeuillée à obtenir de l’aide professionnelle et fournissez-lui le soutien dont elle a besoin pour faire les démarches nécessaires à cet effet. Comment faire face à votre propre peine? • Recherchez la compagnie de personnes bienveillantes. Passez du temps avec votre famille, vos amis, vos voisins, vos collègues de travail ou toute autre personne, comme les membres d’un groupe d’entraide qui ont déjà éprouvé une telle peine. • Prenez le temps nécessaire. Chacun réagit de manière différente à une perte. Il est difficile d’estimer la durée normale d’une période de deuil. Elle sera sans doute plus longue que prévue. • Exprimez vos sentiments. Permettez-vous de vous sentir triste, en colère ou d’avoir d’autres sentiments. Cherchez un moyen d’exprimer ces sentiments en parlant, en pleurant, etc. • Acceptez le fait que votre vie ait changé. Reconnaissez que, pendant un certain temps, vous serez probablement moins attentif au travail et avec les gens qui vous entourent. Il sera peut-être nécessaire de changer vos routines. Cela est une conséquence naturelle d’une perte et du deuil. • Allez chercher de l’aide. Ne comptez pas toujours sur les autres pour faire les premiers pas. Ils craignent peut-être de vous déranger. Dites-leur lorsque vous avez besoin de soutien et d’être entouré. • Prenez soin de votre santé physique. Soyez conscient de tout signe physique de stress ou de maladie. Consultez votre médecin si vous croyez que votre peine a des répercussions sur votre santé. • Appuyez les autres. Offrez votre appui aux autres membres de la famille et aux amis qui ont du chagrin, y compris les enfants. Soyez francs avec les enfants au sujet du décès et de vos sentiments. Encouragez-les à exprimer ce qu’ils ressentent. • Affrontez votre perte. Acceptez graduellement le décès de l’être cher. Tentez de surmonter vos sentiments d’amertume et de blâme car ils peuvent vous empêcher d’aller de l’avant. • Prenez un nouveau départ. Lorsque votre chagrin commencera à s’amoindrir, reprenez les activités que vous aviez peut-être laissées tomber et songez à entreprendre quelque chose de nouveau. Pensez à forger de nouvelles relations à votre propre rythme. • Remettez les grands changements de vie à plus tard. Attendez environ un an avant de prendre des décisions importantes comme déménager, se remarier ou avoir un autre enfant. Le jugement d’une personne endeuillée peut ne pas être tout à fait éclairé et les changements pourraient intensifier le stress que vous éprouvez déjà. Pour en savoir davantage Si vous êtes en deuil et croyez avoir besoin d’une aide supplémentaire à celle que peuvent vous fournir vos amis ou votre famille, communiquez avec un organisme communautaire comme l’Association canadienne pour la santé mentale. Un tel organisme peut vous aider à trouver le soutien supplémentaire dont vous avez besoin. | ![]() |
D'autres articles sur le deuil.
Que l'on veuille bien me pardonner cette mélencholie, mais j'ai absolument besoin de dire, lire et communiquer sur le deuil et ce sentiment qu'il nous laisse vidés de toute substance intime.
Comme si nous n'étions plus que des représentation de nous-même, en figuration.
Car le ressort vital familial est cassé. Rien ne peut plus être comme avant.
Voilà, je fais mon travail de deuil sur la toile...
Comme si nous n'étions plus que des représentation de nous-même, en figuration.
Car le ressort vital familial est cassé. Rien ne peut plus être comme avant.
Voilà, je fais mon travail de deuil sur la toile...
Pour télécharger la présentation au format PDF : cliquez sur l'image.
Madame Annick ERNOULT
Bordeaux, le 08 octobre 2007
Merci à Patrick Lepault et à toute l’équipe de bénévoles de Palliaplus de me permettre d’être parmi vous ce soir et de vous avoir rencontrés cet après-midi. Merci aussi à vous tous qui êtes venus ce soir en quête d’une parole apaisante, d’un sens à donner à ce que vous vivez, ou des repères pour accompagner les personnes en deuil.
J’ai un défi à relever : parler d’un séisme en 30 mn, ! C’est avec une grande humilité que je vais tenter l’aventure avec vous !
La mort d’un proche, attendue et plus encore violente, précipite chacun des membres de sa famille dans une contrée inconnue. Il ou elle va éprouver des sentiments jamais ressentis, perdre ses repères, avoir du mal à comprendre ce qui se passe en lui et finir, parfois, par y perdre son identité. On peut alors avoir vraiment l’impression que le deuil est une tornade, un séisme, qui ébranle et déstabilise profondément les fondations, les bases d’une personne, et par là même, de sa famille. Le pilier qui manque met en danger toute la construction et oblige chaque membre de la famille à accueillir sur ce qu’il ressent, se repositionner, réinventer. De plus, de nos jours, il touche souvent quatre générations qui réagissent et interagissent, chacune avec leur âge, leur éducation, leur système de valeurs, leur capacité ou leur incapacité à s’exprimer et leurs modes d’expression. (plus difficiles pour les plus âgés par exemple).
Que se passe-t-il dans la famille ?
Rapidement, nous pouvons redire que chaque processus de deuil engage celui ou celle qui le vit dans un cycle qui lui fait traverser :
- un état de choc, dans lequel la personne fonctionne comme un automate ;
- un long temps de désorganisation intense, dans lequel la personne a l’impression d’avoir perdu le mode d’emploi de la vie ;
- un vécu dépressif plus ou moins long, au cours duquel la vie paraît sans intérêt aucun,
- et, après un temps qui se compte en années, et non en mois, un temps de réorganisation qui pourra ouvrir la possibilité d’un réinvestissement. Une sorte de réapprentissage du mode d’emploi.
Ce processus de deuil, magnifiquement décrit par Janine PILLOT comme le fait « d’accepter d’aller au fond de sa peine, au fond du sens de la vie et la mort, pour transformer une absence effective en présence intérieure » est long, douloureux, bouleversant, décapant et s’exprime de façon vraiment unique pour chacun.
Je vous propose d’identifier quelques situations de souffrance familiale et de donner un repère qui puisse être une aide.
1) Chaque membre de la famille se retrouve dans la position très inconfortable de vivre son deuil tout en accompagnant celui de ses proches. Il va alors découvrir, alors même qu’il rencontre des difficultés à identifier et nommer sa propre souffrance, combien celle-ci s’exprime différemment, évolue différemment pour les autres, et combien cela rend la communication difficile.
Les différences d’expression sont parfois tellement grandes qu’une incompréhension risque de se développer menant à un isolement de plus en plus grand, chacun s’enfermant dans sa propre souffrance et développant le sentiment d’être incompris. Cela peut aussi mener à des conflits, dont certains peuvent engendrer des cassures définitives.
- Après la mort de leurs parents, les membres d’une fratrie peuvent être surpris par les réactions des uns et des autres. Les disputes autour de l’héritage de leurs parents peuvent parfois engendrer des brouilles bien difficiles à faire cesser, voire définitives.
- Après la mort de leur enfant, un père et une mère peuvent se perdre et ne pas arriver à retrouver leur complicité de couple et leur capacité au bonheur. C’est tellement difficile de souffrir ensemble, tellement décourageant de voir que quand l’un des deux va mieux, l’autre plonge et que jamais il ne semble possible de vibrer en harmonie ou d’être sur la même longueur d’ondes. Cela peut parfois aller jusqu’à la séparation lorsque les deux membres du couple finissent par devenir incapables de communiquer l’un avec l’autre.
- Une personne qui perd son conjoint peut, pour ne pas exprimer sa douleur devant ses enfants, couper petit à petit tout partage. Elle sera souvent, par ailleurs, déstabilisée par leurs réactions imprévisibles et incompréhensibles.
Ø Un repère : Ce qui semble capital dans toutes ces situations familiales, c’est de ne pas laisser s’installer l’isolement, l’incompréhension et de refaire ensemble l’effort de mettre les situations qui ont posé problème sur la table, d’en parler, de parler et reparler ensemble de la souffrance que chacun éprouve, en acceptant profondément qu’elle soit différente de celle que j’éprouve. De parler et de reparler ensemble de la personne décédée, sans craindre que cela soit trop. Au début du seuil, c’est vraiment une façon d’avancer qui répond au besoin de beaucoup de personnes. Par delà la distinction entre femmes et hommes. En général les hommes aiment moins parler mais j’ai rencontré des pères qui avaient plus besoin que leur femme de parler de leur enfant décédé ; d’autres qui venaient en groupe d’entraide « pour leur femmes » mais ne désiraient pas participer, et qui finissaient par s’exprimer plus que cette dernière ! Des veufs à qui on ne pouvait pas proposer meilleure aide que de parler de leur épouse.
2) Les sentiments éprouvés sont parfois tellement violents et nouveaux qu’ils ne peuvent pas être exprimés aux membres de la famille et que, lorsqu’ils le sont, ils ne sont pas acceptés. Je prends pour exemple l’envie de mourir, ressentie par une majorité d’endeuillés à un moment ou un autre de leur deuil.
- Quand une jeune maman dit qu’elle a envie de mourir après la mort de sa petite fille de 2 ans, elle provoque une telle angoisse chez ses parents, son mari, ses frères et sœurs, ses autres enfants, que tous vont lui renvoyer ce qu’elle n’a pas envie d’entendre : « Tu n’as pas le droit de dire cela », penses à ton mari, tes autres enfants », « Tu as encore d’autres enfants, tu ne peux pas les quitter » etc…Témoins de ce chagrin sans fond, les autres enfants peuvent se demander à quoi sert leur présence puisqu’elle n’apaise pas la douleur de leurs parents : « Je suis là , moi, mais je ne sers à rien » disait cet enfant de 6 ans après le décès d’une sœur plus jeune.
- Un père ou une mère devenu veuf ou veuve, va souvent ressentir la même envie mais ne va pas s’autoriser à la partager avec ses enfants. Malheureusement, le non verbal est parfois tellement criant et la sensibilité des enfants tellement à vif, que cela va devenir extrêmement pesant pour tous. C’est souvent un vrai soulagement de pouvoir nommer tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Après le suicide de son mari, une jeune femme doit lutter contre sa belle-famille qui ne veut pas que les enfants connaissent la vérité au sujet du décès de leur père. Elle témoigne de l’apaisement de ses enfants le jour où elle leur a dit : « Papa s’est suicidé, et je ne sais pas pourquoi. Ce n’est pas de notre faute. Il nous aime et il veut que nous soyons vivants ! ».
Ø Un repère : Les membres d’une même famille étant tous pris dans la tornade de la souffrance, ils ne sont pas forcément les mieux placés pour s’aider. L’intervention d’un tiers extérieur, écoutant, bienveillant et compétent peut s’avérer indispensable. Les professionnels et les associations sont ce tiers extérieur. L’accompagnement associatif peut être une étape intermédiaire vers l’accompagnement professionnel. Cela peut faire moins peur d’aller parler avec un bénévole, que d’aller voir un professionnel. Et un accompagnement bénévole peut déboucher sur une prise de conscience de la nécessité d’un accompagnement professionnel. Avoir apprivoisé, en sécurité, le fait que parler fait du bien, met de l’ordre dans le désordre du deuil, est une aide inestimable pour la personne en deuil. Enfin, lorsqu’elle veut sortir du cercle vicieux qui consiste à répéter en boucle que « Personne ne peut comprendre ce que je vis » et sortir de l’isolement, l’appartenance à un groupe d’entraide peut être aussi une aide sans pareille. On va vous en parler après mon intervention.
3) La personne qui meurt laisse un grand vide. Ce vide pose un problème de place à chaque membre de la famille :
- les enfants qui perdent un père ou une mère très tôt vont être tentés de le ou la « remplacer » auprès de leur parent en deuil qui souffre, de le protéger.
- De même, un jeune adulte qui perd son père ou sa mère, se retrouvera parfois dans une « obligation » de devenir le soutien de son parent en deuil au moment de sa vie où il serait normal qu’il s’éloigne de sa famille pour prendre son indépendance.
- ceux qui ont perdu un frère ou une soeur vont se demander comment reprendre ou garder leur place dans ce nouvel ordre de la fratrie.
- Le conjoint qui perd son conjoint se retrouve abandonné dans l’œuvre de construction entreprise ensemble. On ne peut être à la fois père et mère. Comment alors gérer ce manque auprès des enfants ?
- Les adultes qui perdent leurs parents se retrouvent à la position d’ « ancêtres » dans la famille, avec les devoirs que cela crée etc…
- Face à la mort d’un petit-enfant, les grands-parents disent souvent que c’était leur tour de mourir et qu’ils se sentent coupable de survivre à cet enfant qui n’aura pas eu son dû de vie. Ils ne se sentent plus à leur place.
Ø Un repère : la place de chacun est unique. Rien ni personne ne peut remplacer un être humain, et toute tentative de changer de place aboutira à une perte d’identité et des souffrances supplémentaires. Laissons à la personne morte sa place dans la famille et gardons la nôtre. Le troisième enfant sera toujours le troisième même si le deuxième décède, le deuxième conjoint épousé après un veuvage n’efface pas toute la richesse de la vie avec le premier conjoint.
4) Une attention particulière doit être portée aux enfants dans une famille endeuillée. Ils entendent les paroles des adultes entre eux, mais ces adultes pensent rarement à s’adresser à eux pour leur demander comment ils vivent l’événement. De plus, par souci de protection, on va souvent leur mentir ou les tenir à l’écart de ce qui semble difficile. C’est comme cela que se construisent les fameux « secrets de famille » qui pèsent parfois si lourds dans la vie de ceux à qui on cache la vérité.
Or, pour pouvoir parler aux enfants en deuil, les adultes doivent avoir clarifié leurs propres points de vue sur la mort, et cela ne se fait pas sans travail ni sans souffrance.
Ø Un repère : Considérer les enfants comme capables de comprendre et intégrer un événement, aussi douloureux soit-il, et leur donner une information adaptée à leur âge afin qu’ils puissent rester acteurs et non passifs.
5) le deuil et le temps. Nous vivons dans une société pressée. Les contraintes de nos vies professionnelles et familiales nous obligent à reprendre rapidement un rythme effréné et nous n’avons pas vraiment le temps de nous arrêter pour suivre le processus de notre deuil. Au sein de notre famille, il est parfois très lourd et très angoissant d’accompagner un des membres qui ne va pas bien. Il faut que cela aille vite. Comme le dit Geneviène Jurgensen : « Les gens ne sont pas plutôt morts, les décombres ou les canons de fusil fument encore la catastrophe est à peine annoncée, les victimes ne sont pas encore dénombrées, l’épouvante commence seulement à s’épandre et hardi donc, il faut faire son deuil…Faire son deuil, c’est consommateur de temps, d’intelligence, d’égards et d’amour. On croit d’abord qu’il faut faire le deuil des mieux qui furent détruits, des gens qui vous furent arrachés. Et puis c’est de soi qu’un jour on découvre qu’il fait faire le deuil. Ce soi intact auquel il faut renoncer. Faire son deuil, c’est consentir à devenir quelqu’un d’autre ? Le contraire de l’évacuation, l’intégration. Avec votre permission, ce sera long ».[1]
Le temps peut devenir usant. C’est si insupportable de voir ceux et celles que nous aimons aller mal. Au sein de la famille, nous allons donc devoir apprendre à nous laisser du temps les uns aux autres. Le temps des uns n’étant clairement pas celui des autres.
Nous avons envie que les choses reprennent leur cours, que tout rentre dans l’ordre. Et pourtant, l’après est irrémédiablement différent de l’avant. Cela nous amène à une autre réalité difficile à vivre en famille : l’impact du deuil sur une famille dure toute la vie. Et ce n’est pas facile à accepter, à intégrer. Bien entendu, il ne conserve pas l’intensité insupportable du début, mais il reste présent dans nos vies, tel une cicatrice qui peut parfois se réveiller.
La vie d’une famille est faite d’ajustements permanents. Lorsque cette famille est endeuillée, les ajustements sont plus délicats car ils se font entre personnes souffrantes. Chaque étape de la vie familiale, heureuses et malheureuses (anniversaires, mariages, grandes fêtes de famille, décès, divorces, déménagements), va être l’occasion de refaire un bout de travail sur ce deuil qui ne finit pas. La cicatrice est là à vie ; elle démange plus ou moins, se laisse parfois oublier, mais aussi se ré ouvre parfois, toujours de manière surprenante. Elle va parfois nécessiter de reprendre un accompagnement car elle déstabilise à nouveau les fondements. Dans notre famille, c’est la troisième enfant qui est morte à l’âge de 7 ans, il y a 25 ans. Deux autres enfants sont nés après ce décès et le lien entre les deux séries de deux enfants manque toujours à ce jour. Il y a 10 ans entre notre deuxième enfant et le quatrième. Nous avons vécu une forte réactivation de la souffrance de l’absence lors du mariage de nos deux aînés, de la naissance de nos 3 petits-enfants. Plus récemment, la maladie grave d’un de nos enfants est venue réveiller avec une force que nous avions oubliée, la maladie et la mort de Géraldine. Cela m’a permis de constater que la mémoire du corps est incroyable et j’ai pu revivre physiquement et mentalement des scènes très vivaces d’il y a 25 ans. Tout ce que croyais soigné, guéri, classé, rangé, ressurgit comme un diable de sa boîte, et exige que je le retravaille.
Ø Un repère : On peut toujours, même des mois ou des années après, décider de reparler de ce qui s’est passé, ou de ce qui se passe maintenant. On peut toujours vérifier avec les enfants où ils en sont par rapport à cet événement qui a atteint toute la famille. On peut enfin toujours nommer, mettre des mots : « C’est émouvant cette première réunion de famille sans papa, ce premier Noël sans grand-mère. C’est insupportable cette première rentrée des classes sans notre enfant. ». Le mouvement est le signe du vivant et il est rassurant de constater que rien n’est jamais figé, pour vu que nous sachions mettre le mouvement en marche. Etre en deuil en famille, c’est accepter de devoir remettre 100 fois son ouvrage sur le métier pour reprendre le maillage familial à l’endroit où il s’est arrêté et poursuivre le tissage des liens.
Conclusion.
Pour conclure, un séisme entraîne toujours un afflux de bonnes volontés juste après sa survenue.
Puis les gens s’habituent. D’autres séismes surviennent qui relèguent le premier aux oubliettes. Toujours, dans tous les cas, il est suivi par une période de reconstruction et quelques bonnes volontés déterminées restent sur place pour faire avancer cette reconstruction.
Si nous reprenons l’image du séisme pour le deuil, il me semble qu’après l’afflux de témoignages de compassion et de présences du début, l’entourage semble oublier ce qui s’est passé. Une maman me disait : « Un an après, la mort de mon enfant, est devenu une péripétie dans la vie des gens. Pour moi, c’est toujours la fin de ma vie… et je suis là, tentant de survivre. ».
C’est ici qu’intervient le soutien des bénévoles, qui continuent à offrir à la personne en deuil, une présence dans la durée quand celle des autres s’estompe ou disparaît. et qui durent après de la personne en deuil. En effet, la traversée de processus du deuil nécessite de la patience, de l’endurance, du courage et a besoin de beaucoup de tendresse, de chaleur, de bienveillance et d’écoute. Cette prise de conscience du séisme familial qu’occasionne un deuil est aussi un appel pour les associations à réfléchir aux propositions qui peuvent être faites aux différents membres d’une famille : les enfants, les adolescents, les parents, les grands-parents, les fratries. Palliaplus propose un éventail d’aie aux familles endeuillées et vous en parlera ce soir.
Dans son livre « Tom est mort »paru récemment, Marie Darrieussecq désigne les parents en deuil comme des « athlètes du chagrin ». Un athlète doit s’entraîner chaque jour, il doit mesurer ses efforts pour éviter qu’une blessure vienne interrompre son parcours, il construit sa résistance au jour le jour en répétant des gestes simples qu’il sait bons pour lui. Et un jour, les efforts à faire lui semblent moins lourds.
Il a autour de lui des coachs, des gens qui croient et espèrent en lui, des gens qui prennent soin de lui et lui facilitent l’entraînement !
J’aime cette image. Elle me parle et j’espère qu’elle vous parle aussi et vous aidera à devenir un athlète avec le temps, si vous êtes ce soir une personne qui souffre de l’absence d’un proche, et à aider de manière plus juste si vous cherchez à être une présence d’accompagnement qui dure sur le chemin de la personne en deuil et de sa famille. !
03 août 2008
Le deuil.
Y a-t-il des personnes plus exposées aux complications d'un deuil ?

Les personnes à risque sont :
- les malades, que ce soit physiquement ou mentalement,
- les personnes présentant des troubles de la personnalité sans pathologie mentale déclarée,
- les personnes immatures qui entretiennent des relations marquées par une grande dépendance et une intense ambivalence,
- toutes les personnes solitaires et isolées.
- des circonstances tragiques de la perte, accident, catastrophe, assassinat, morts multiples, disparitions, etc.
- une circonstance du décès rend également le deuil plus difficile: c'est le cas du suicide,
- de la nature de la personne disparue : le deuil d'un enfant est toujours très difficile même s'il était encore très petit.

A cet âge les risques du deuil sont surtout représentés par une détérioration éventuelle de la santé physique et par la solitude qui peut devenir un facteur de dépression lorsqu'elle est trop importante et mal supportée. La mortalité chez les veufs âgés est particulièrement importante ; elle est plus modérée chez les veuves. Les deuils, au grand âge, décompensent souvent les affections chroniques en cours et révèlent des perturbations somatiques bien tolérées jusque-là.
Comment apporter une aide aux endeuillés ?
1 - Aider les personnes en deuil, c'est en premier lieu être avec elles. Ce qui est quasiment instinctif dans les premiers moments du deuil des personnes que nous aimons, devient beaucoup moins évident et moins facile au bout de quelques semaines ou quelques mois. C'est justement entre le deuxième et le sixième mois que l'endeuillé se sent le plus isolé ; il n'a pas envie de prendre l'initiative de contacts et attend qu'on vienne à lui. Etre avec une personne en deuil, c'est d'abord l'écouter. Il se trouve que les endeuillés passent par des états différents. Tantôt ils ont envie de parler inlassablement de la personne qu'ils ont perdue, tantôt ils n'ont plus envie d'en parler; ils restent silencieux. Les aider c'est aussi rester silencieux auprès d'eux.
Bien souvent, les personnes en deuil qui viennent consulter leur médecin pour divers symptômes ne souhaitent, en fait, qu'une écoute ; elles ont besoin de parler ; pour diverses raisons, elles ne peuvent s'exprimer dans leur milieu familial.
Cette attitude, à première vue si simple, est, dans la réalité, bien difficile ; elle demande de savoir rester passifs, à 1 'écoute, non interventionnistes, de savoir résister à l'envie de consoler, de faire quelque chose. Et la proximité de la mort n'est pas si simple à supporter.
Etre avec une personne en deuil c'est aussi s'efforcer de prévenir ses besoins et ses désirs; c'est l'aider à s'occuper d'elle-même. Ce peut-être aussi parfois de la ramener à la réalité, à la nécessité de certaines tâches, de certaines démarches.
2 - Pour favoriser de plus le bon déroulement du deuil, il faut pouvoir exprimer son chagrin et toutes ses émotions douloureuses. L'endeuillé a besoin de pleurer la personne aimée aussi longtemps et aussi intensément qu'il le faut sans recevoir d'autres consolations qu'un contact physique, des bras, une épaule et un regard compatissant qui ne se détourne pas. Les paroles de consolation sont inutiles, voire déplacées. L'endeuillé ne veut pas être consolé ; il se vit inconsolable. Une partie de lui s'en va avec son amour et son chagrin en fait partie. N'essayons pas maladroitement de l'atténuer en l'assurant qu'il diminuera avec le temps. Le temps, il est vrai, est le seul vrai consolateur du deuil mais l'endeuillé récent ne veut pas encore l'entendre.
C'est bien en parlant et en reparlant de la personne décédée que l'endeuillé vit peu à peu son chagrin. Mais une partie en restera toujours secrète ; le deuil est une grande épreuve de solitude même lorsqu'on est bien accompagné.
Mais que faire pour ceux qui ne pleurent pas, ceux qui ne montrent rien, les stoïques, ceux qui font comme si rien n'était arrivé ? De quel droit les faire pleurer et y arriverait-on ? Les défenses ont toujours leurs raisons d'être et même si elles nous paraissent risquées elles sont en fait la moins mauvaise solution au moment donné. Essayer d'aider ces endeuillés récalcitrants, c'est encore être auprès d'eux, être avec eux et leur parler discrètement, pour autant qu'ils l'acceptent, de la personne disparue.
3 - Le manque actuel de familiarité avec la mort, souvent la difficulté à surmonter les épreuves donnent le sentiment à l'endeuillé d'être entré dans un état anormal. Il est vrai que si le deuil normal n'est pas une maladie, il réalise cependant une sérieuse perturbation de l'équilibre habituel.
L'un des rôles du médecin traitant, lorsqu'il est consulté, est de rassurer les personnes en deuil et leur famille, de leur faire comprendre la normalité et la nécessité du deuil, de les encourager à parler entre eux de la personne disparue et à partager leurs émotions douloureuses.
4 - Au niveau des enfants, il est essentiel de bien les garder au sein de la vie de la famille au cours de la maladie, des derniers moments, de la mort, des funérailles, de l'enterrement et du deuil. On ne va pas les en écarter comme on a encore trop souvent tendance à le faire sous des prétextes fallacieux et erronés. Mais cela signifie qu'ils vont faire l'objet d'une attention constante. On doit toujours leur parler, toujours s'efforcer de répondre à leurs questions. Et c'est tout naturellement qu'ils viendront, accompagnés, dire adieu au défunt, pour se construire des souvenirs de la personne disparue, Il est nécessaire de dire à l'enfant :
- qu'il n'est pas responsable car c'est toujours ce qu'il a tendance à penser,
- qu'il n'est pas en danger de mourir lui aussi car, dans ces circonstances, il pense que lui aussi peut être emporté par une maladie ou un accident,
- qu'on va continuer à s'occuper de lui le mieux possible ; il sent bien que cette mort dans la famille va entraîner des changements importants dans sa vie,
- qu'on va continuer à aimer la personne disparue et qu'on ne vu pas l'oublier.
Il est bien rare que le parent restant, déjà si bouleversé par son propre deuil, soit en état de parler ainsi à son enfant. C'est alors le rôle de la famille, des grands-parents, des oncles et tantes... Mais à défaut, c'est le médecin de famille qui parlera à l'enfant endeuillé et qui encouragera tous les proches à continuer de parler de la personne décédée et à exprimer ensemble leur chagrin, faute de quoi l'enfant ne saurait le faire seul.

Jacques DOILLON dirige Victoire sur le tournage de " Ponette ", l'histoire d'une petite fille qui refuse la mort de sa mère.
Pour ce projet, le réalisateur cherchait des tout petits enfants capables de parler de la mort.
" Avant d'écrire le scénario, dit-il, j'ai commencé par réaliser un documentaire sur le sujet dans les maternelles. On a tourné à Paris, à Lyon, Nantes et Marseille. Pendant ce temps-là, on en profitait pour faire le casting. Au début, je pensais à un enfant de 6 ans, mais à cet âge, le discours sur la mort est déjà celui des parents... Quand j'ai connu Victoire, elle avait 3 ans et demi ..." (Télérama n° 2399 - 3 janvier 1996)
Et lorsque le deuil est plus difficile ?
Il est facile de prévoir qu'un deuil sera plus difficile en raison de facteurs de risque, qu'ils viennent de la personne en deuil ou des circonstances de la mort, en particulier, le suicide. Ailleurs, c'est après quelques semaines, quelques mois d'évolution que l'entourage se rend compte que les choses n'évoluent pas, que l'endeuillé est encore très abattu, en pleine souffrance, qu'il a beaucoup de mal à vivre, à faire face. Plusieurs possibilités s'offrent alors pour instaurer le suivi nécessaire de cette personne en difficulté; elles dépendent surtout de la nature de la relation de l'endeuillé avec son médecin :
- si elle est suffisamment et positivement établie, le médecin lui-même est tout indiqué pour l'assurer, à condition qu'il soit habitué, dans sa pratique, à accorder suffisamment de temps à l'écoute de ses patients.
La question d'une aide médicamenteuse se pose assez souvent et doit être envisagée sans a priori. C'est l'intensité des symptômes d'insomnie, d'anxiété et de dépression qui conduit à une prescription qui, lorsqu'elle est indiquée, se fera toujours après l'écoute, comme une aide supplémentaire. - autrement, et encore plus si l'endeuillé désire rencontrer d'autres personnes dans sa situation, le contact sera établi avec une association (voir adresses ci-contre) qui propose son aide (professionnels et bénévoles formés) par l'écoute téléphonique, des entretiens et des groupes de parole, les uns plus orientés vers l'entraide mutuelle, les autres vers le soutien psychologique.
- quant aux endeuillés devenus malades physiquement ou mentalement, ils doivent être orientés par leur médecin, vers l'association ou leur famille vers un spécialiste.
En aidant les gens à regarder la mort comme une éventualité naturelle de la vie, le deuil comme une épreuve nécessaire et non comme une maladie dont il faudrait se cacher, en les encourageant à partager ouvertement leurs chagrins et leurs peines et à parler ensemble de leurs disparus, en accompagnant les endeuillés en difficulté et en les orientant vers des associations qui peuvent les prendre en charge et les sortir de leur isolement, en prenant un soin particulier des enfants au niveau de leur évolution et des vieillards au niveau de leur santé, nous avons un grand rôle à jouer pour soulager les souffrances de nos contemporains et éviter qu'elles ne donnent lieu, par la suite, à des complications touchant la santé des populations et la cohésion sociale.
ADRESSES UTILES ![]() 17, rue Feutrier - 75018 PARIS Écoute téléphonique (1) 42.23.15.00 L'Association propose un soutien aux endeuillés grâce à l'écoute téléphonique, la correspondance, la conduite d'entretiens individuels, les réunions de groupes de parole et de soutien psychothérapique. VIVRE SON DEUIL est soutenue par : la Fondation de France, les Pompes Funèbres Générales, l'Institut Electricité Santé, organe de mécénat des professions de l'électricité. ![]() Tél. : 76.03.13.11 ![]() Aide aux parents qui ont perdu un enfant Tél. : (1) 46.66.56.43 |
Document réalisé par l'ADOSEN avec le concours du Docteur Michel HANUS, Psychiatre-Psychanalyste,
Président de l'Association Vivre son Deuil
Tous droits de reproduction soumis à autorisation de l'Adosen (Conseillers médicaux : Dr Ch. AUBERT - Dr A. BEAUPLET)
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L'éducation au service de la santé
Tour Maine-Montparnasse - 34e étage
33, avenue du Maine - 75015 Paris
Tél. : 01 45 38 71 93 - Fax 01 43 20 33 87
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![]() | Cette campagne d'information sur le deuil est réalisée avec le soutien de la MOCEN - la Mutuelle des Associations 15, rue du Louvre - 75001 PARIS - Tél. : (1) 42 36 71 42 |
Pour mon beau-frère
13 juillet 2008
![]() |
Le deuil, à la suite de la mort d'une personne aimée ou d'une séparation, est une des plus grandes épreuves de la vie qui, un jour ou l'autre, atteint chacun de nous.
Source d'une grande souffrance, d'une véritable douleur morale, d'un profond désespoir, d'anxiété, de dépression et de manifestations fonctionnelles variées, le deuil est un facteur de déséquilibre transitoire, un traumatisme aux effets prolongés. Dans la majorité des cas, aussi pénible soit-il, le deuil suit normalement son cours et arrive a son terme. Pour 5 % d'entre eux, il va provoquer des complications au niveau de la santé physique, mentale, de l'équilibre psychologique et des relations sociales. |
Qu'est-ce que le deuil ?
Le deuil est l'ensemble des réactions physiques, psychologiques, affectives et comportementales à la perte d'une personne aimée, mais aussi d'un animal, d'un objet ou d'une valeur auxquels on est fortement attaché. Il est justement déterminé par la nécessité de modifier cet attachement du fait de la disparition.
Depuis les temps les plus reculés, le deuil désignait nécessairement les réactions sociales entraînées par la mort d'une personne, c'est-à-dire l'ensemble des usages, coutumes, rites et restrictions imposés impérativement en cette circonstance. Ce sens se conserve encore actuellement dans l'expression " être en deuil " A présent, le deuil désigne de plus en plus la réaction psychologique, subjective, personnelle ou familiale, à la seule perte de quelqu'un ou de quelque chose d'important et l'expression " faire son deuil ", dans le sens de devoir accepter une perte, est employée à tort et à travers si bien que le Deuil a tendance actuellement à s'éloigner de la mort dont il partage aussi le rejet social.
Mais la mort restera toujours au coeur du deuil en raison de son universalité, de son implacabilité, de sa radicalité et de son irréversibilité. Elle constitue la perte et la limite par excellence et la mort de la personne aimée nous préfigure la nôtre.
Comment se déroule le deuil ?
Chaque deuil est différent en raison de la relation unique qui unissait l'endeuillé à la personne disparue, mais tous les deuils suivent le même cours au travers de trois étapes : 


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