Nous vous invitons à signer et faire signer ce texte. S’en abstenir serait courir le risque de se voir accuser de non-assistance à institutions en danger. Face à une telle responsabilité, les plus ardents thuriféraires de la chasse à l’absentéisme sauront faire, pour une fois, taire leurs préventions. Il ne sera pas dit que nous aurons manqué à nos devoirs élémentaires en matière de prévention des risques sanitaires, comme à celui de compassion : Charité bien ordonnée ne commence-t-elle pas par soi-même ?
Quelle meilleure manière, en effet, y a-t-il de dénoncer cet insupportable double langage de ce gouvernement ?
D’un côté le ministre du Travail (sic) ouvre un chantier sur les conditions de travail - notamment la souffrance psychologique, le harcèlement par l’employeur…-, de l’autre, la loi de financement de la Sécurité Sociale pour 2008 prévoit à l’article 103 que le même employeur pourra désormais, par le biais d’un médecin payé par lui, suspendre le paiement des indemnités journalières d’un assuré en arrêt maladie. Et attention : plus seulement comme dans le passé le complément d’indemnité versé par l’employeur, mais la totalité de cette indemnité, y compris la part versée par la Caisse d’Assurance Maladie !
Les médecins du Travail du Collectif de Bourg-en-Bresse ne s’y sont pas trompés, dont le collectif a mis lumineusement en parallèle la tentative actuelle de punir les salariés malades de leurs conditions de travail, en obligeant leur médecin traitant à substituer à un simple repos réparateur de quelques jours une panoplie de médicaments anti-inflammatoires, antibiotiques, antalgiques, allant même jusqu’à prescrire de la morphine. Quel meilleur moyen d’aggraver le déficit de la Sécu, à court comme à plus long terme ?
Oui, ces médecins ont eu raison de mettre en lumière cette évidence : certaines personnes ont besoin d’une réelle prise en charge dont le repos constitue un élément essentiel des soins. L’arrêt de travail peut permettre à la personne blessée ou malade de reconstituer son état de santé, ceci afin d’éviter des rechutes qui se révèleront en définitive plus coûteuses pour son entreprise et pour la Sécurité Sociale.
Oui, ils ont eu raison de réagir à cette entorse inacceptable au Code de Déontologie : un médecin payé par un employeur ne peut être mis en position de juge et partie pour déterminer la validité d’un repos prescrit par un médecin traitant.
Oui, ces médecins du Travail ont eu raison d’interpeller les Syndicats de salariés afin qu’ils se mobilisent contre cette mesure législative inadmissible.
A la revue Pratiques, plusieurs de nos éditoriaux, billets, commentaires sur l’Actualité ont, par le passé, alerté nos lecteurs sur cette question. Mais la mise en danger de la santé des salariés par le biais de la restriction des arrêts de travail ne constitue qu’un pan d’un projet global de société qui vise à briser les solidarités et rendre donc tout un chacun plus vulnérable.
La prochaine livraison imminente du Pratiques n° 41, "Redonner le goût du Collectif" passe en revue le sujet : méfaits du "tout normes", du "tout économie", dérives créées par la notation individuelle des cadres hospitaliers, dévoiement du communautarisme, mais aussi, expulsions, sabotage des pratiques innovantes…, et cependant, par opposition, émergence de nouvelles résistances collectives, mais encore comment l’écoute des corps souffrants, dans le silence des Cabinets médicaux, vient à point nommé pour retisser le lien entre l’individu et le Groupe. Nous ne vous en dirons pas plus… Découvrez vite notre dernier numéro !
Mais que cela ne vous empêche pas, au contraire, de signer et faire signer notre pétition !!!
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