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15 mars 2008

Appel à la prudence sur la prescription du lithium dans la sclérose latérale amyotrophique

PARIS, 14 mars 2008 (APM) - La prescription de lithium dans la sclérose latérale amyotrophique (SLA) doit rester prudente et il serait préférable qu'elle fasse l'objet d'une discussion au cas par cas avec le neurologue, a estimé le Pr Vincent Meininger de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris (AP-HP), responsable de la coordination nationale des centres référents.

"La prescription du lithium dans la SLA est hors autorisation de mise sur le marché (AMM). Elle ne doit être initiée qu'après un bilan strict de départ sur les plans cardiaque, rénal et thyroïdien, et ce traitement nécessite impérativement un suivi strict des fonctions rénales et cardiaques", explique le neurologue dans un communiqué diffusé vendredi.

Le lithium est un normothymique indiqué dans le traitement des troubles bipolaires. Médicament à marge thérapeutique étroite, sa posologie doit être individualisée pour chaque malade, selon les concentrations sanguines et la réponse clinique, de manière à stabiliser la lithiémie au plus faible taux efficace, lit-on dans le résumé des caractéristiques de ce produit.

La publication, début février dans le PNAS, d'une étude pilote italienne suggérant que le lithium pourrait ralentir la progression de la maladie (cf dépêche APM LDLB4005) a retenu l'attention de patients dont l'espérance de vie est de trois ans en moyenne une fois le diagnostic posé et qui ne disposent actuellement que d'un seul traitement d'efficacité modeste (le riluzole, Rilutek*, Sanofi-Aventis).

"Nous recevons au moins deux à trois appels par jour de patients et nous savons que certains se sont fait prescrire du lithium par leur médecin généraliste", précise à l'APM le Pr Meininger, évaluant à plus d'une cinquantaine le nombre de patients qui pourraient déjà être traités par lithium mais sans connaître le chiffre précis.

Il ajoute que ce phénomène est observé dans d'autres pays.

"Il est bien entendu difficile d'empêcher les patients de prendre ce produit mais il nous semble très important qu'avant de prescrire ce traitement, il puisse y avoir une discussion cas par cas avec le neurologue qui suit habituellement le patient, notamment au centre référent SLA", poursuit-il.

Le Pr Meininger se veut prudent car si l'étude italienne a montré une différence importante et significative entre les patients traités par riluzole et lithium, comparés à ceux traités par riluzole seul, il considère qu'elle pose de nombreuses questions, notamment car "cet essai pilote a été conduit en simple aveugle et la population traitée a des caractéristiques un peu particulières avec notamment une très faible évolutivité avec traitement".

Il s'interroge encore plus sur l'absence dans la publication d'"aucune précision réelle sur les effets secondaires chez les patients atteints de SLA d'un produit dont les risques sont pourtant bien connus", et notamment ceux qui pourraient être liés, de l'avis des auteurs de l'étude eux-mêmes, à l'association riluzole + lithium.

Les résultats publiés dans le PNAS provenaient à la fois d'une étude préclinique chez la souris et de l'étude clinique pilote, ceux de la première étant plus détaillés, note-t-on.

Le neurologue précise à l'APM avoir écrit à l'équipe italienne pour avoir des précisions sur la prise en charge des patients de l'étude, sur la ventilation en particulier, ou sur le suivi à long terme mais n'a obtenu que des réponses "vagues".

UNE ETUDE EN DISCUSSION POUR CONFIRMATION

Pour pouvoir répondre aux interrogations et à l'attente des patients, les équipes européennes et américaines discutent des moyens de confirmer ces données "séduisantes mais préliminaires". Cependant, il n'est pas possible de proposer un essai contre placebo à ce stade et la coordination nationale des centres référents étudie actuellement la faisabilité d'une étude plus simple mais qui puisse être significative.

"Notre décision devrait être prise rapidement et nous comptons débuter dans les semaines qui viennent. Mais il faudra attendre plusieurs mois avant de savoir l'effet ou non de ce traitement", précise le Pr Meininger.

La recherche dans le domaine de la SLA reste marquée ces dernières années par l'échec en clinique de produits qui semblaient prometteurs chez l'animal, notamment le traitement de la sclérose en plaques glatiramère (Copaxone, Teva*) en phase II, le TCH346 développé par Novartis en phase II/III ou la minocycline en phase III, rappelle-t-on.

ld/san/APM
redaction@apmnews.com