Quelque 810.000 personnes vivent actuellement avec les 628,10 euros de l' Allocation Adulte Handicapé. Elles réclament un revenu au moins égal au Smic brut pour les celles qui ne peuvent pas ou plus travailler.
Entre 20.000 et 25.000 personnes handicapées, malades ou invalides démarraient samedi à Paris, une "marche vers l'Elysée" à l'appel du collectif d'associations "Ni pauvre, ni soumis", qui réclame un revenu d'existence "décent", au moins égal au Smic.
Vendredi, le ministre du Travail Xavier Bertrand a déclaré que la manifestation était le "signe d'une attente légitime" et qu'il allait recevoir les associations mardi, avec Valérie Létard. "Aujourd'hui, des centaines de milliers de personnes handicapées, atteintes de maladie invalidante ou victimes d'accident du travail, qui ne peuvent pas ou plus travailler, sont condamnées à vivre toute leur vie sous le seuil de pauvreté" (817 euros par mois pour une personne seule), affirme le collectif.
Pour cette manifestation "historique", le collectif, qui regroupe une centaine d'associations, a affrêté 13 trains et 5 avions, 700 autocars et minibus. "Quand on sait l'effort que cela signifie pour un handicapé de se déplacer, cela montre bien la motivation des gens. Avec des moyens logistiques supérieurs, on aurait pu doubler le nombre", a déclaré Emmanuel Loustalot, délégué de l'APF (paralysés de France) à Montpellier.
La question des ressources des personnes handicapées a été insuffisamment traitée par la loi handicap de février 2005, estiment les associations. Elle a certes créé une "prestation de compensation" destinée aux aides matérielles et humaines, mais n'a pas amélioré les revenus d'existence, déplorent-elles. "On peut avoir une aide 24h/24 mais être réduit à une activité de survie", explique l'APF. Quelque 810.000 handicapés, qui ne peuvent pas ou plus travailler, vivent avec les 628,10 euros de leur allocation adulte handicapé (AAH).
La confirmation par Nicolas Sarkozy mardi, quatre jours avant la manifestation, de revaloriser l'AAH de 5% en 2008, conformément à sa promesse électorale, "n'a fait que mobiliser les gens", souligne le secrétaire général de la Fnath (accidentés de la vie) Arnaud de Broca. "On rend d'un côté ce qu'on prend de l'autre", dit-il, rappelant que les bénéficiaires de l'AAH ne sont pas exonérés des franchises médicales créées par le gouvernement.
Les associations craignent aussi que l'accent mis par le gouvernement et le chef de l'Etat sur l'emploi des handicapés, avec une conférence nationale le 10 juin centrée sur ce thème, n'ait pour effet de "culpabiliser" ceux qui ne peuvent travailler. Nicolas Sarkozy a déclaré mardi qu'il fallait avoir "le courage de revoir les conditions de l'allocation", de façon à privilégier l'accompagnement vers l'emploi. "Cela signifie de manière insidieuse qu'il y a des handicapés qui pourraient travailler mais préfèrent l'assistance", estime Patrice Tripoteau, responsable à l'APF. "Tout le monde est d'accord pour dire que la meilleure solution, c'est d'avoir un emploi, mais il y a des problèmes de formation, d'accessibilité, de discrimination, et beaucoup ne peuvent pas travailler, doit-on les laisser sous le seuil de pauvreté ?", interroge Arnaud de Broca.
Rappelant que la solidarité familiale ne doit pas se substituer à la solidarité nationale, les associations demandent un réel accès à la formation et à l'emploi pour ceux qui le peuvent, la garantie d'un revenu décent pour les autres, et une harmonisation des régimes existants. (Source AFP)