Bonjour à tous, je me presente Jonathan, 16 ans, je suis EIP et je rentre l'an prochain dans un lycée spécialisé, je n'ai qu'un reproche à faire à mes parents: ils ne se sont réellement préoccupés de ma précocité seulement quand je deprimais gravement.
Si j'ai un conseil à donner aux parents EIP, le voici, faites très attention à vos enfants EIP, ils sont beaucoup plus fragiles qu'on ne le pense. J'ai toujours pris les fautes de mes parents sur mon dos (en plus des miennes, ça fait lourd) et je sais que je ne pourrai jamais m'en libérer sans les faire souffrir, donc tant pis pour ma pomme : Aujourd'hui je rêve de partir loin de tout ça, de partir n'importe comment, n'importe où du moment que je pars. S'il vous plait, n'attendez pas qu'il soit trop tard pour ouvrir les yeux, parlez-leur et mettez-les en confiance. Prenez la précocité de vos enfants en compte et n'essayez pas de vous en débarrasser.
Merci pour vos enfants.
La souffrance, je connais, moi aussi. Pendant des années j'ai vécu seule avec ça. Pendant des années je pleurais tous les soirs dans mon lit, étouffant mes sanglots en enfouissant ma tête dans l'oreiller pour que mes parents ne m'entendent pas.
J'étais seule. Je vivais seule. A mes parents je montrais un masque heureux, afin de ne pas les inquiéter.
Avec les autres filles de mon âge, je m'arrangeais, je faisais semblant d'être "comme elles", de m'intéresser aux dessins-animés qu'elles regardaient, de lire les livres qu'elles lisaient, je leur mentais tout le temps.
J'ai toujours vécu seule.
Lorsque je suis allée à l'école pour la première fois - je n'avais pas été à la crèche à cause de problèmes de santé – j'étais âgée de 2 ans et demi, j'ai tout de suite senti que j'étais différente des autres. Même dans leur façon de parler je ne me reconnaissais pas.
Je me rappelle très bien ce premier jour d'école, j'ai été m'asseoir dans un coin et j'ai pris un livre. Cette année-là, j'ai appris à lire – seule. Je disais à mes parents que je m'amusais bien, que j'avais pleins de copines, je faisais en sorte qu'ils n'aient jamais l'occasion de rencontrer ma maîtresse.
En première primaire (= CP), j’étais la première de classe, mais je ne participais pas du tout pendant les cours, je ne faisais jamais mes devoirs, je n’étudiais pas mes leçons. Pourtant à chaque fois que nous avions des exercices à faire, je les faisais sans faute. A la récréation, je jouais avec les autres filles… mais nous étions tellement différentes, dans la façon de parler, la manière d’être, de penser, les centres d’intérêt.
C’était tellement dur. Un moment j’ai cru que j’étais folle, mais j’ai vite fait de chasser cette idée de ma tête : « La folie n’existe pas. C’est un mot qui a été inventé pour expliquer le comportement des gens qui sont différents et qui n’ont pas peur d’être eux-mêmes. » voici mot à mot ce que j’ai écris dans mon journal intime cette année-là.
Les quatre premières années de primaire (je suis en Belgique, nous avons 6 primaires), j’ai vécu ainsi, entre deux mondes : celui de l’école avec les « autres » (je nommais ainsi les filles de mon âge), mes parents et celui d’Internet ou j’écrivais à des correspondants (plus âgés et adultes) sans jamais leur révéler mon âge, celui de mon journal intime. C’était ainsi que je nommais ma vie : La double vie, avec le « Faux monde » et le « Vrai moi ».
Je vivais seule. Seule dans ma solitude. Seule avec ma différence. Avec ma souffrance.
A sept ans j’ai lu mon premier Molière, j’ai définitivement laissé tomber les livres pour enfants et pour ados que je lisais à ce moment-là. J’ai commencé à prendre des livres de mes parents. J’ai lu l’encyclopédie des mathématiques en entier, quand je m’ennuyais, je lisais le dictionnaire, toujours dissimulés derrière les barbies et les poupées, choses aux quelles je n’avais jamais joué.
A dix ans, j’aurais été capable de passer mon examen de fin d’études secondaires (= le bac). Les deux dernières années de primaire, tout s’est mal passé, je ne supportais plus ma vie divisée en deux, à l’école j’ai commencé à faire des fautes exprès, j’étais heureuse à chaque fois que j’avais une mauvaise note, j’ai commencé à parler vulgairement, j’ai rangé les dictionnaires, les livres pour adultes, j’ai mis au placard tout ce qui faisait partie du « Vrai moi ».
Je voulais absolument devenir comme les autres, mais je n’y suis pas arrivée. Et ça m’enrageait, j’étais désagréable avec les autres. Je me détestais. Je voulais me suicider. J’avais appelé mon journal intime « Pourquoi moi? ». Et, chaque jour un peu plus, je détruisais tout ce que j’avais bâti jusque là. Chaque jour, je me détruisais.
Mes parents ne comprenaient pas. Je ne leur en parlais pas. Je vivais seule. Et je me détruisais.
Puis, lorsque je suis entrée en première secondaire (=cinquième), j’ai commencé à aller mieux, peu à peu je me suis arrangée. Toute seule. Toujours seule. J’ai arrêté de faire des fautes exprès, j’ai recommencé ma double vie, partagée entre l’école, les parents, et Internet, mes livres, les dictionnaires, les math.
Et ma vie a recommencé comme avant. J’ai écris dans mon journal intime « Je suis heureuse d’avoir l’illusion d’être heureuse. ».
Puis, un jour ce mot s’est présenté à moi. Si fort que je n’ai su le repousser dans un coin perdu de mon esprit : oui, je suis surdouée.
Les tests passés sur Internet l’ont prouvé. Je suis surdouée. Je le savais depuis le début sans vraiment avoir de mot dessus. Cette notion de surdoué m’a toujours repoussée, je n’aimais pas ces histoires de QI. Pour moi l’intelligence a toujours été quelque chose de très indéfini, de tellement vaste qu’il est insensé et prétentieux de prétendre la mesurer. Ces gens qui se vantent d’avoir un QI bien plus haut que la moyenne me dégoûtent, ils ne sont pas responsables de leur intelligence et c’est absurde de se venter d’une qualité innée. Maintenant j’ai décidé de réagir.
Ma famille ne sait pas encore. Mais j’ai décidé de parler, d’abord par Internet, parce que c’est plus facile, parce que ça a toujours été là que le « Vrai moi » a vécu. Puis dans le monde réel. Je veux aider les gens comme moi, les gens qui ont souffert de cette différence.
Je vous écris, j’écrirai beaucoup. Je veux que le monde se réveille, qu’on se rende compte. Chacun est différent et il faut l’accepter.
Je n’aime pas dire que je suis surdouée, parce que c’est souvent accompagné de préjugés et d’idées préconçues. Pourtant le surdouement est loin d’être la seule chose qui attire moqueries et jalousie. La différence existe partout, certains sont blonds, d’autres sont bruns ou roux, certains sont doués en musique, d’autres en dessin, d’autres en sport… il n’y a pas de raison de faire de la différence une honte alors que c’est l’une des richesses de l’espèce humaine.
Je veux faire passer un message, une phrase que j’ai écrite un jour de ma vie sans jamais en faire part à personne, une phrase qui vaut pour n’importe quoi, une phrase que mes parents auraient du lire plus tôt. Aidez-moi, faites passer ce message à tous les parents, à tous les adultes, à tous les humains : « NE LAISSEZ PAS UN ENFANT SOUFFRIR ».
Je voudrais remercier Zoé, celle qui m’a toujours tenu la main et qui n’a jamais cessé de me sourire.
Je suis sauvée.
14 Décembre 2001
Il me vient l'envie de conter mon histoire. Je refuse que les autres gens me voient comme une personne qu'il faut plaindre. Mon enfance et mon adolescence ont été tristes mais je suis consciente qu'elles n'ont pas été dramatiques. Non, j'espère simplement apporter à ceux dont je pleurais l'absence étant petite un peu d'espoir, car mon histoire finit bien.
Je m'appelle Florence et j'ai 18 ans. J'ai passé des tests de Q.I, il paraît que je suis surdouée. En septembre, je ferai mon entrée à l'Université, où je vais étudier l'anglais et le français, dans le but de devenir professeur dans le secondaire supérieur. J'ai toujours été la plus jeune de ma classe, ayant "sauté" une année. J'ai su lire et écrire très jeune, le directeur de l'école a donc pensé que ce serait une excellente idée d'accélérer le procéssus. Ma scolarité fut une catastrophe sur le plan social, j'étais rejetée par les autres enfants, je passais mes nuits à me demander pourquoi, sans trouver de réponse à ma question. A l'école, je n'étais pourtant pas plus brillante que les autres, je consentais à travailler que pour les matières qui me plaisaient vraiment. Je m'ennuyais profondément. J'ai du changer plusieurs fois d'école, esperant en vain que mes relations avec les autres s'amélioreraient. C'est en secondaire qu'un professeur remarqua que j'étais différente et que ce n'étais pas spécialement négatif. J'ai eu énormément de chance, cette prof m'a sauvé la vie. J'avais 16 ans et je pensais réellement à me suicider, je ne me sentais pas à ma place. Il faut savoir que j'étais passionnée par les langues, j'étais fascinée par la Grande-Bretagne, j'aimais plus que tout les cours d'anglais et j'éclatais en sanglots quand je faisais moins de 17/20 à un contrôle, j'étais vraiment exigeante avec moi-même.J'étais absolument nulle en math je trouvais ça inintéressant et inutile. Grâce à ma prof d'anglais, une psychologue a été engagée pour aider les "jeunes à haut potentiel", comme ils sont appelés en Belgique. Cette psychologue m'a été d'un secours incroyable, j'avais 17 ans et deux tentatives de suicide à mon actif lorsqu'elle est arrivée. Mes "camarades" de classe me détestaient, je ne leur épargnais aucune remarque sarcastique et désagréable lorsque, en classe, ils posaient des questions que je trouvais profondément stupides et ralentissaient le cours.
Mais grâce à l'aide qui m'a été apportée, je me sens aujourd'hui bien dans ma peau, je suis beaucoup moins méprisante envers ceux qui ont moins de culture générale que les autres, je suis moins haineuse, je me sens enfin à ma place parmi les autres ados, même si il est vrai que je ne serai jamais tout à fait comme eux.
Je souhaite dire aux jeunes qui ont eu les mêmes difficultés que moi qu'il faut s'accrocher, ne jamais renoncer. Battez-vous, je sais que ce n'est pas facile mais cela en vaut la peine. Je sais aussi que vos nuits sont difficiles et que les questions qui vous hantent parceque vous n'y trouvez pas de réponse vous empêchent de trouver le repos mais dites-vous ceci :
Vous n'êtes pas seuls.
Daph